samedi 18 juin 2011

Un cadeau, ça se mérite, non ? grrrr

L'autre jour, Luckas (bientôt 2 ans et demi) recevait un vélo. Luckas adore le vélo et devant ce beau vélo bleu dans l'entrée du magasin, il n'a pas hésité: il l'a enfourché et a spontanément mimé qu'il pédalait. Voyant son enthousiasme et, même si le vélo est un peu lourd, je l'ai acheté. Il fallait le voir avec son beau casque, installé sur son vélo et tentant de pousser sur les pédales, pendant que je l'aidais à avancer en poussant le vélo pour rentrer à la maison. Il allait devoir encore faire quelques essais avant d'intégrer le mouvement et muscler ses petites jambes pour le faire avancer ce vélo ! en tout cas, ce sourire n'avait pas de prix ! Comme nous passions devant la boulangerie, nous sommes allés chercher du pain. Le vélo laissé dehors, Luckas, avec son casque, faisait grande impression. "C'est ton anniversaire ?" demande la boulangère. "euh, non… " réponds-je étonnée, "les plus beaux cadeaux, ce sont les cadeaux gratuits, non?". "Ah Oui" me répond-elle avec un grand sourire. Je rentre à la maison et mon mari découvrant avec beaucoup de plaisir le vélo de Luckas, me dit aussi "c'est pas son anniversaire pourtant". Euh.. quel est le rapport ? Je lui demande de préciser sa pensée et apparemment, pour lui, les "gros" cadeaux c'est lié à des événements importants de la vie (anniversaire, communion, mariage, etc.).

Donc, un vélo, c'est un gros cadeau et on le reçoit à des moments "importants", indépendamment de ses besoins ou de ses envies. Je ne comprends pas très bien, j'avoue. L'idée de "mérite" saute dans mon cerveau: avoir le droit selon son âge, son statut, etc.. et pas très loin, l'idée d'être sage, gentil, etc.. brrr, j'en ai froid dans le dos.

Et pourtant, j'ai l'impression que c'est bien comme ça que la plupart des gens fonctionne: il faut une raison pour recevoir quelque chose, ou alors il faut le "mériter". C'est toute l'idée de donner-recevoir qui est la derrière. Et de quoi Luckas a t-il besoin pour s'épanouir, de quoi ont besoin les enfants ? Je crois que les enfants ont besoin d'Amour inconditionnel et qu'une des manières de le leur montrer c'est de leur donner ce dont ils ont besoin ou envie, indépendamment de quoi que ce soit: l'anniversaire, un beau bulletin, avoir été sage, avoir fait un travail quelconque.

Alors oui, je sais, on ne peut pas tout offrir à nos enfants en permanence, effectivement. C'est un principe de réalité auquel les enfants se doivent d'être confrontés afin d'apprendre à partir de ce qui existe (mon portefeuille a ses limites et je n'ai pas envie de consommer pour consommer). Là n'est pas mon propos, mais si on a de toute façon l'intention d'acheter un vélo et qu'on en a les moyens ici et maintenant, pourquoi attendre un anniversaire ou un beau bulletin ? sinon, on conditionne notre cadeau…

Quelle expérience font-ils quand les enfants reçoivent ce dont ils ont besoin? quelque chose comme "mes désirs ont de la valeur, j'ai le droit de satisfaire mes besoins". Avec comme conséquence, l'apprentissage de pouvoir recevoir en dehors de toute condition. "Il ne faut pas faire quelque chose ou être comme ci ou comme ça pour que mes parents me payent ce dont j'ai vraiment envie ou besoin". Et plus tard, au-delà de l'aspect matériel, en tant qu'adulte, "je ne dois pas faire ou être comme ci ou comme ça pour "me" payer ce dont j'ai envie, pour me faire plaisir, pour faire ce que j'aime". Je prends conscience tout d'un coup que moi-même je me dis subconsciemment après une journée de travail bien chargée quelque chose comme, "ah je mérite de regarder un bon film, de lire un livre, de me détendre, de ne pas travailler ce soir". glups ! pas très harmonieux tout cela..

Comme si recevoir n'était pas normal, comme si se faire plaisir devait répondre à quelques conditions propres à chacun. Comme si cela ne coulait pas de source, que vivre une vie chouette où tous nos besoins sont satisfaits relevait de la science-fiction. Avec le Système de Croyances que l'on a (tout se mérite, on n'a rien pour rien, il faut être content avec ce qu'on a, etc…), cela me semble logique mais souhaitons-nous continuer à transmettre ces Croyances à nos enfants ?
Les libérer de ces "conditionnements" passe par notre propre remise en question, par une réflexion profonde sur ce dont ils ont vraiment besoin pour vivre une vie épanouie et dans l'Abondance.

Laurence Legrand
Aligneuse et Animatrice en Éducation Syntropique
www.blanchecolombe.be

38 commentaires:

  1. MERCI ! Je suis ENTIEREMENT d'accord ! C'est très bien écrit et je souscris entièrement à ton propos. Ça va un peu dans le sens du livre "éduquer sans punition ni récompense", de Jean-Philippe Faure, que j'ai bien aimé. J'essaie aussi de me défaire de mes conditionnements, et fonctionne bien plus spontanément aujourd'hui qu'avant, en suivant les envies et les besoins du moment.

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  2. Un article caricatural, que je pourrais caricaturer "à l'envers" : avec ce type de comportement, on a l'impression que "rien ne se mérite" et qu'il suffit "d'ouvrir la bouche pour que ça tombe"...
    Cette manière de faire est tout à fait acceptable dans des familles aisées, qui dépensent (et consomment !) sans compter.
    Il faut comprendre que l'argument de "l'anniversaire" et du "mérite" n'est souvent qu'un prétexte pour "réguler" le besoin insatiable de consommation de nos enfants-rois. Cela, les familles modestes l'ont bien compris, notamment celles avec plusieurs enfants !).
    Personnellement, la régulation des envies ne me fait pas "froid dans le dos"... et je la considère même comme un acte éducatif.
    Je suis persuadé que les plus frustrés, sont paradoxalement ceux qui ont "droit à tout", et qui se lance dans une "fuite en avant" consumériste sans fin.

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  3. Cet article me fait reflechir. En plus de me faire du bien.

    Je me suis evidement deja posee des questions liees aux "cadeaux", aux "dons", a la notion de la "gratuite" ou de "l'echange". Mais peut etre pas de maniere assez lucide et posee comme ici. Cet article clair me rappelle des idees/concepts assez basiques de mes lectures en sociologie comme en philosophie. Mais finalement aussi beaucoup de bon sens ! Cette lecture me reconforte aussi et me donne envie de perdre definitivement cette enveloppe conditionnee par de la fausse culpabilite consumeriste, lorsqu'il m'arrive d'offrir tout simplement un "don" parental a son enfant qui a "besoin". Oui c'est vraiment du bon sens. Je le discerne parfaitement maintenant.
    Offrir d'apprendre a pedaler un velo, c'est offrir un outil qui depasse le velo lui-meme, comme d'apprendre a se servir d'un couteau par le don ou la mise a disposition d'un couteau.

    De plus, la celebration de la vie se fait de maniere spontannee (cela ne veut pas dire quantite ou overdoses mais qualite ou necessite, nous l'aurons tous compris comme tu le suggeres si bien dans ton texte !). Quant aux celebrations etatiques, commerciales et culturelles ou encore religieuses... sans commentaire.

    Je crois en effet que la motivation (et l'envie) de l'enfant n'est pas de posseder mais d'apprendre (a pedaler), de decouvrir un sentiment de liberte incroyable et des emotions completement geniales liees au plaisir procure par l'outil. Oui c'est plus gros et plus cher qu'un couteau. Mais faire du velo toute sa vie, en confiance et avec plaisir, c'est un bonus genial (et pas seulement d'un point de vue individuel !). On peut aussi denicher une perle a rafistoler en seconde main, aux yeux de l'enfant ce sera le meme "cadeau".

    J'imagine que nous aurons egalement tous bien compris le sens noble du mot "Abondance" que tu nous offres en fin de texte... Quel mot merveilleux !

    Merci pour m'offrir cette piste de reflexion extremement intelligente Laurence qui me fait progresser encore.

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  4. C'est bien la première fois que je ne suis pas vraiment d'accord avec ce qui est dit donc je me permets d'ajouter mon commentaire.
    Je comprends certains aspects de ton texte et y adhère mais je me contente d'offrir de petits objets (souvent des petits animaux) ou du matériel très spécifique à nos enfants. Concernant les gros achats, je ne suis pas d'accord mais tout bonnement car chez nous, nous appliquons ce principe à nous même en premier :-) Que ce soit financièrement ou juste parce que, non, on ne peut pas avoir tout ce que l'on désire, les gros achats sont réservés pour noel ou les anniversaires. Si je trouve un objet, vetement ou autre mais qu'il sort de mon budget ou que je n'en ai pas un besoin urgent, je me fais patienter et je pense que c'est une bonne chose que les enfants fassent de même.
    Ta phrase "Comme si cela ne coulait pas de source, que vivre une vie chouette où tous nos besoins sont satisfaits relevait de la science-fiction." me choque énormément mais peut être ai je mal compris !! J'ai compris que tu disais qu'il est possible de vivre une vie où tous nos désirs sont satisfaits... est ce ce que tu as voulu dire ??? Si c'est le cas, je pense que PERSONNE ne satisfait ses désirs... En l'écrivant, je me rends compte que tu parles de besoin et non pas de désir mais en l’occurrence faire du vélo est utile à ton fils mais ce n'est pas non plus un "besoin" juste une activité très formatrice qui a développera tout plein de compétence. DAns le même sens, reprendre des études en psychologie de l'enfant et passer mon diplome d'éducatrice Montessori m'apporterait des tonnes de connaissances, compétences, serait très enrichissant mais ce n'est pas possible aujourd'hui et l'accepte treès bien car je ne sais de quoi l'avenir sera fait et la vie c'est aussi ca : vivre pleinement avec ce que l'on a et se réjouir de ce que l'on aime...

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  5. Tout à fait d'accord avec cette vision qui me semble couler de source. Dépasser le conditionnement qui nous étrique depuis notre enfance est aussi un beau cadeau pour nos enfants.

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  6. moi aussi, souvent d'accord mais ici mitigee..
    Je comprends le coup de coeur de l'achat imprevu qui fait plaisir et s'avere judicieux ; mais de la a en tirer une regle generale sur le merite et une vie de desirs assouvis...je suis moins d'accord!
    un plaisir/desir qui va avec un achat...un cadeau tout de suite plutot que le desir entretenu et la patience (et la douce anticipation)...banaliser les cadeaux, les surprises en faisant souvent...non, je n'adhere pas !
    Je fais des cadeaux raisonnes, attendus, et des cadeaux irrationnels et coups de tete, des home made ou des achats, et la seule regle que j'en tire, c'est que le merite c'est vrai n'a pas grand chose a y voir mais la hierarchie des choses et des evenements beaucoup...

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  7. Bonjour à toutes, c'est une première pour moi, puisque je n'ai jamais posté de commentaire ici, malgré la lecture assidue de tout ce qui se publie ici. Mais aujourd'hui, je rencontre un écho tellement fort dans l'article que je viens de lire que je ne peux rester muette. J'ai vécu la même chose il y a quelques semaines avec ma fille d'à peine 2 ans. Sauf que le vélo, je l'ai acheté dans une communauté Emmaüs pour 5 euros. Qu'importe me direz-vous? Pourtant, au regard des commentaires que je lis (et que je comprends tout à fait), je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a là confusion entre 2 notions du mot valeur. Parle-t-on ici de la valeur marchande de ce bien (étrangère à un enfant de 2ans et demi) ou de la valeur philosophique que ce cadeau représente aux yeux de cet enfant. Ca m’attriste quelque peu de voir que des clivages persistent entre ces deux mondes et que nous ne sommes pas toujours capables de voir ou se trouve la vraie valeur morale d’un présent. Je ne suis pas sans ignorer les réalités économiques qui nous accablent tous, mais je suis fermement opposée à la marchandisation du bonheur, et si le bonheur tiens dans l’utilisation d’un vélo (et non pas dans la possession….) alors pourquoi l’interdire ? Je comprends tout à fait que des achats compulsifs puissent sembler être réservés à quelques privilégiés, mais je n’approuve pas cette vision des choses. Des alternatives existent, saisissons-les, ou au besoin, créons-les ! Je ne pense pas que mon cadeau ait eu une moindre valeur aux yeux de ma fille, rapport à sa faible valeur marchande. Par contre, sa joie et sa fierté ne s’en sont certainement pas trouvées altérées. Dernière remarque : je suis toujours très gênée de donner un cadeau à ma fille, car je ne souhaite pas l’en sentir redevable. Ce cadeau, je le lui fais sans rien attendre en retour, alors, en général, je le pose en évidence en attendant qu’elle le trouve ? Est-ce bien, est-ce mal ? Je m’interroge et attends vos suggestions ! Au plaisir de vous lire. Marie. Ps : désolée de publier sous un profil Anonyme, je ne sais pas faire autrement ....

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  8. Je fais rarement un commentaire ici, mais comme d'autres l'envie m'en vient aujourd'hui.
    Car sans m'opposer formellement à ce que vous dites, et même en acquiescant sur certains points, je n'acquièce pas sur d'autres.
    Je comprends les motivations de vos questionnements mais vous partez d'emblée sur l'idée que ceux qui font patienter un enfant pour recevoir quelque chose le font en ayant en tête la notion de "mérite". Or ce n'est pas forcément le cas.

    Il m'est arrivé d'acheter un vélo (justemment) à l'un de mes 4 fils hors anniversaire ou autre "date clé", en passant avec lui devant une foire à vélos, parce que le sien se faisait trop petit pour sa taille (donc il en avait besoin, et ce jour là financièrement je pouvais).
    Il m'est tout autant arrivé (cette année) de faire patienter mon tout petit garçon pour la petite voiture de ses rêves dont il a parlé avec gourmandise pendant... 6 mois, oui oui oui. Parce qu'il avait annoncé lui-même en janvier qu'il la voulait absolument pour son anniversaire (en juin). Et jamais il ne l'a réclamée plus tôt, tout en en parlant très souvent. Et il était très heureux de la recevoir le jour J, pour ses 4 ans. Point de mérite mais une attente désireuse et une vraie joie de se sentir grand et comblé ce jour là.

    J'apprends à mes (4) enfants à différencier envies et besoins, sans jugements de valeur ni sur les unes ni sur les autres. Cela leurs permet de différencier petit à petit frustrations et manques. Et d'apprendre à gérer les unes ou les autres selon les circonstances, sans souffrir.

    Il se trouve que les manques sont douloureux et souvent inutiles, qu'ils relèvent de besoins qui doivent être satisfaits légitimement au plus vite. Le plus grand étant celui d'affection, qui n'a pas de prix vous l'admettrez, et n'a pas besoin de passer par un objet. Parfois l'on identifie qu'un manque relève d'un faux besoin, de ceux que l'on se crée soit-même, ou d'un besoin qu'il est impossible de satisfaire immédiatement. Alors on le décompose en sous-besoins et on pallie aux plus importants.
    Les frustrations relèvent elles des envies et désirs, et elles sont passionnantes. Elles peuvent être fortes, mais jamais destructrices si l'on apprend, pourquoi pas, à s'en délecter. Les plus belles oeuvres en sont souvent les expressions de l'attente... Et quelles envolées, y compris amoureuses ou physiques, quand enfin la satisfaction se fait! Or point de ces délices sans un peu de temps passé.

    Par ailleurs faire face à la société s'apprend, et si l'éducation que nous donnons à nos enfants ne manquera pas de la faire changer (je l'espère!), les frustrations y sont nombreuses.

    J'ajouterai qu'ayant 2 garçons pré-ados à la maison, en tant que femme que je suis aussi au-delà de la mère, et en tant qu'addictologue par ailleurs, je ne cesse de me féliciter d'avoir commencé cette transmission et je suis tout à fait motivée à poursuivre sur ce chemin.

    (Ce blog est un plaisir de réflexion respectueuse, merci encore pour son initiative!!!)

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  9. Plume, j'ai lu ton commentaire avec bonheur et suis tout à fait d'accord avec toi : quelle joie de te lire et quelle belle philosophie de vie. Merci pour ton partage :-)
    A très bientôt.
    Je re-découvre ton blog avec plaisir.
    Je suis bien au fait de certaines addictions et sources : tu voudrais pas nous faire un post là dessus ? :-)

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  10. Et ces idees sont completement detachees du consumerisme. C'est du basique economique. Je suis quelqu'un qui ne se prive pas, qui deteste l'idee du sacrifice mais je vis tres simplement et la majorite de ce qui m'entoure (mes possessions) sont de la recuperation (meme les velos !). Car j'aime recuperer, j'aime respecter mon environnement, j'aime respecter les ressources, j'aime respecter les etres vivants... Pourtant il m'arrive parfois de m'acheter une fringue de designer, une production artistique, car j'aime la creation et l'expression du genie humain, ou un outil technologique cher (comme du materiel photo par exemple) pour ma propre appreciation/expression personnelle. Et si je le peux, je le fais immediatement !

    Je ne suis pas addictive non plus. Au contraire, depuis que je decouvre cette liberte, je suis de plus en plus raisonnable.

    Pourqu'elles "raisons rationnelles" devrais-je priver mes enfants de cela, de cette idee ? Il me semble que c'est un cadeau que de leur offrir le meilleur de l'instant present, que de leur offrir la volonte de se mettre en oeuvre pour obtenir ce qu'ils souhaitent dans l'immediat. Tout en respectant bien entendu, tout en se forgeant une ethique et une morale personnelle.

    Pour en revenir aux enfants, je crois que les questions liees a la quantite, au consumerisme, a l'appreciation et aux besoins individuels ne devraient pas etre liees directement a l'idee de l'attente, mais plutot liees a l'apprentissage de l'appreciation des choses et de leur valeur, de la notion du travail. La question du temps ne changent rien a cette perception. A mon sens c'est brouiller une piste.

    Et non je ne sais pas de quoi sera fait mon futur meme si j'en ai une petite idee pour celui plus global. Et peut etre meme que je n'en ferais pas partie, peut etre que mes enfants n'en feront pas partie... Pourquoi vivre pour le futur ? Alors qu'on peut vivre pleinement le present, dans l'Abondance, tout en etant des etres moraux et ethiques pour preparer le Futur ?

    Sand.

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  11. Et ces idees sont completement detachees du consumerisme. C'est du basique economique. Je suis quelqu'un qui ne se prive pas, qui deteste l'idee du sacrifice mais je vis tres simplement et la majorite de ce qui m'entoure (mes possessions) sont de la recuperation (meme les velos !). Car j'aime recuperer, j'aime respecter mon environnement, j'aime respecter les ressources, j'aime respecter les etres vivants... Pourtant il m'arrive parfois de m'acheter une fringue de designer, une production artistique, car j'aime la creation et l'expression du genie humain, ou un outil technologique cher (comme du materiel photo par exemple) pour ma propre appreciation/expression personnelle. Et si je le peux, je le fais immediatement !

    Je ne suis pas addictive non plus. Au contraire, depuis que je decouvre cette liberte, je suis de plus en plus raisonnable.

    Pourqu'elles "raisons rationnelles" devrais-je priver mes enfants de cela, de cette idee ? Il me semble que c'est un cadeau que de leur offrir le meilleur de l'instant present, que de leur offrir la volonte de se mettre en oeuvre pour obtenir ce qu'ils souhaitent dans l'immediat. Tout en respectant bien entendu, tout en se forgeant une ethique et une morale personnelle.

    Pour en revenir aux enfants, je crois que les questions liees a la quantite, au consumerisme, a l'appreciation et aux besoins individuels ne devraient pas etre liees directement a l'idee de l'attente, mais plutot liees a l'apprentissage de l'appreciation des choses et de leur valeur, de la notion du travail. La question du temps ne changent rien a cette perception. A mon sens c'est brouiller une piste.

    Et non je ne sais pas de quoi sera fait mon futur meme si j'en ai une petite idee pour celui plus global. Et peut etre meme que je n'en ferais pas partie, peut etre que mes enfants n'en feront pas partie... Pourquoi vivre pour le futur ? Alors qu'on peut vivre pleinement le present, dans l'Abondance, tout en etant des etres moraux et ethiques pour preparer le Futur ?

    Sand.

    PS : je m'excuse pour le doublon plus haut issu d'une mauvaise manip.

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  12. J'ai relu le texte et tous les commentaires.

    Beaucoup de choses tres interessantes. J'ai beaucoup aime lire le commentaire de Marie l'anonyme et aussi aime lire que le velo venait d'Emmaus... Je retrouve ici mes idees et opinions personnelles.

    Je crois que l'idee de l'attente est un conditionnement liee a notre culture judeo-chretienne (cela dit peut l'etre tout autant dans d'autres cultures... mais inexistante dans un tas d'autres). Je pense pour ma part que cette idee est absurde d'un point de vue purement rationnel.

    Cette idee est liee de loin ou de pres a la notion du "merite", le merite d'avoir attendu, d'avoir patiente. Cette idee me fait aussi sincerement froid dans le dos !

    C'est un conditionnement qui est bien encre dans notre societe francaise entre autres. "Soit patient, les choses vont finir par arriver, tu vas finir par obtenir ce que tu merites". Quelle betise ! Combien attendent toujours ? Combien ont meme lache l'affaire ? Les choses n'arrivent pas par la patience, c'est une absurdite. Il est interessant aussi de se pencher sur la raison d'un tel conditionnement d'un point de vue historique ou religieux... ! Les choses n'arrivent jamais car on a eu le merite de les attendre ! Cela ne tombe pas du ciel ;-) Elles arrivent car on les desire, car on les veut immediatement, car on se manifeste en tant qu'individu, car on entre en action immediate. C'est ainsi que nait la libre entreprise, l'expression de soi-meme dans l'immediat, le desir d'achever quelque chose d'important a SES yeux (et non pas ceux des autres).

    sand

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  13. Je ne vais pas parler de mes enfants, en revanche je vais parler de moi.

    Lorsque je veux quelque chose, je le veux immediatement, tout de suite, la maintenant (un travail, une formation, un outil, un habit, un livre, un disque...). Deux cas de figure se presentent alors a moi. Je peux me l'offrir et je me l'offre, tout de suite, car je vis l'instant present (au passage les enfants le vivent encore plus merveilleusement que nous et malheureusement nous leur arrachons ce don precieux a coup de conditionnement) et oui c'est un besoin, ce n'est pas un besoin primaire en effet, mais un besoin propre a moi-meme, un besoin individuel, un besoin qui ne concerne personne d'autre que moi (ni le ciel). Je vais eprouver un grand plaisir a vivre dans le moment present avec mon acquisition. Pourquoi la remettre a demain ? Le gout n'en sera pas plus savoureux. L'appreciation des choses n'est pas liee a l'attente ! Je trouve plus noble d'apprecier quelque chose pour sa valeur intrinseque que d'apprecier quelque chose en fonction de ma propre personne. Ou alors, deuxieme hypothese, je ne peux pas me l'offrir, car je n'en ai pas les moyens immediats. Mais je ne vais surtout pas attendre ! Je vais mettre en oeuvre tous les moyens a ma disposition (qui correspondent a mon ethique et ma morale) pour obtenir ce que je souhaite, ce que je desire ! Je vais etre dans l'action et non pas dans l'attente. Je ne vais pas attendre qu'un quelconque merite judeo-chretien lie a la bravoure de l'abstinence justifie que je reste passive et assise sur mes mains. Surtout pas. Non je veux vivre maintenant. Je veux exister. En revanche la oui, il se peut que l'objet devienne plus savoureux a son acquisition, car j'aurais du travailler dur pour l'obtenir. Mais cela en est une consequence pas une necessite. C'est le TRAVAIL qui donne sa valeur aux choses, pas l'idee du merite lie a la patience ou a l'abstinence.

    sand

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  14. Et ces idees sont completement detachees du consumerisme. C'est du basique economique. Je suis quelqu'un qui ne se prive pas, qui deteste l'idee du sacrifice mais je vis tres simplement et la majorite de ce qui m'entoure (mes possessions) sont de la recuperation (meme les velos !). Car j'aime recuperer, j'aime respecter mon environnement, j'aime respecter les ressources, j'aime respecter les etres vivants... Pourtant il m'arrive parfois de m'acheter une fringue de designer, une production artistique, car j'aime la creation et l'expression du genie humain, ou un outil technologique cher (comme du materiel photo par exemple) pour ma propre appreciation/expression personnelle. Et si je le peux, je le fais immediatement !

    Je ne suis pas addictive non plus. Au contraire, depuis que je decouvre cette liberte, je suis de plus en plus raisonnable.

    Pourqu'elles "raisons rationnelles" devrais-je priver mes enfants de cela, de cette idee ? Il me semble que c'est un cadeau que de leur offrir le meilleur de l'instant present, que de leur offrir la volonte de se mettre en oeuvre pour obtenir ce qu'ils souhaitent dans l'immediat. Tout en respectant bien entendu, tout en se forgeant une ethique et une morale personnelle.

    Pour en revenir aux enfants, je crois que les questions liees a la quantite, au consumerisme, a l'appreciation et aux besoins individuels ne devraient pas etre liees directement a l'idee de l'attente, mais plutot liees a l'apprentissage de l'appreciation des choses et de leur valeur, de la notion du travail. La question du temps ne changent rien a cette perception. A mon sens c'est brouiller une piste.

    Et non je ne sais pas de quoi sera fait mon futur meme si j'en ai une petite idee pour celui plus global. Et peut etre meme que je n'en ferais pas partie, peut etre que mes enfants n'en feront pas partie... Pourquoi vivre pour le futur ? Alors qu'on peut vivre pleinement le present, dans l'Abondance, tout en etant des etres moraux et ethiques pour preparer le Futur ?

    Sand.

    PS : je m'excuse pour le doublon plus haut issu d'une mauvaise manip. Decidement internet me prefere anonyme !

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  15. Bonjour à tous et toutes. Je viens de découvrir les réponses de Sandrine, elles me donnent envie de m'exprimer à nouveau...pas pour apporter quelque chose de neuf au débat, je m'en excuse, mais simplement pour te dire Sandrine, à quel point je me reconnais dans la façon dont tu te décris (nous suivons également un parcours un peu similaire, nous partons prochainement en NZ, je t'avais contactée à ce sujet, te souviens-tu?) : "Lorsque je veux quelque chose, je le veux tout de suite " ! Je connais bien cette sensation, et je n'ai jamais su vivre autrement que dans l'instant présent, malgré les critiques bien pensantes de mes parents qui voyaient en moi une enfant capricieuse....Aujourd'hui, heureusement, ils ont ravisé leur jugement. L'âge adulte m'aurait-il fait retrouver la "raison" ? Je ne le pense pas, je suis même persuadée d'avoir conserver de l'enfance cette spontanéité, dans les désirs comme dans l'action. Ne serait-ce plutôt pas lié au fait que l'on accorde bien moins d'importance aux désirs d'un enfant qu'à celui d'une adulte devenue "sage" ? Nous avons je pense encore un long chemin à parcourir avant d'accorder à nos enfants la confiance qu'ils méritent... A titre d'exemple, je souhaiterais vous faire partager mon expérience de ce matin qui rejoins un peu notre débat : je dépose ma fille chez sa nourrice. Elle me réclame le morceau de chocolat (à 9 heures du matin !!) que j'avais glissé dans son sac pour son goûté. Bien sûr, je ne l'empêche pas d'ouvrir la boite et de se servir (sous le regard assassin de sa nounou.....). Loin de goinfrer goulument tout le morceau, elle en a croqué un tout petit bout, et reposé le reste dans la boite. Ce fut pour moi un magnifique exemple de son sens de la mesure. Le désir de satisfaire son envie était immédiat, il n'en était pas moins démesuré. Au contraire, si je le lui avait interdit, j'aurais sans doute couru le risque qu'elle en mange deux fois plus au moment ou j'aurais décidé qu'enfin, elle y avait droit, au risque de la voir se déconnecter de son besoin réel (ou son envie, les deux sont à mon sens légitimes). Il n'y a qu'un pas à franchir pour étendre ce raisonnement à notre mode de consommation en général : notre boulimie consumériste ne résulte t-elle pas des intenses frustrations dont nous avons fait l'objet dans notre enfance et que nous continuons à nous imposer, à nous et à nos enfants ? La sobriété consommatrice ne s'acquiert-elle pas avec la certitude de savoir que nos besoins (ou envie) pourrons être satisfaits quoi qu'il arrive, et qu'il ne tient qu'à notre réflexion et à notre éthique personnelle de les satisfaire, ou non?
    Merci de faire vivre un tel lieu propice à une telle qualité d'échange. Au plaisir de vous lire. Marie

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  16. j'ai dit démesuré , j'aurais dû dire "mesuré" à un moment dans le texte, j'espère que vous aurez corrigé. Marie

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  17. Bonjour Marie ! Oh oui je me souviens bien de notre correspondance liee a l'expatriation/nomadisme et de votre geniale aventure qui se profile ! J'espere que tout se passe au mieux pour vous. Je n'avais absolument pas realise qu'il s'agissait de toi ici. Je ne savais pas/ne me souvenais pas que tu lisais ce blog non plus, j'en suis ravie.

    "La sobriété consommatrice ne s'acquiert-elle pas avec la certitude de savoir que nos besoins (ou envie) pourrons être satisfaits quoi qu'il arrive, et qu'il ne tient qu'à notre réflexion et à notre éthique personnelle de les satisfaire, ou non?"

    Oui c'est aussi mon avis ! J'adore l'histoire du petit bout de chocolat et de ta fille, c'est tres emouvant.

    Le chocolat est range chez nous sur l'etagere la plus basse du placard, pour qu'il soit accessible meme au plus petit. Il n'empeche que je n'achete qu'une plaque de noir a deguster toutes les 3 semaines, issue du commerce equitable, a 80% de cacao. Et cela suffit, pour une famille de 4 personnes. Pas de privation pourtant, les enfants se servent lorsqu'ils en ont envie. Mais ils piochent par eux-meme bien plus souvent dans le panier de pomme car ils connaissent la belle histoire du chocolat... Ils comprennent la difference de valeur. Mais ils ont l'assurance d'avoir le choix a leur disposition ! C'est toute l'idee : AVOIR le choix et donc FAIRE le choix. Et le plus petit a 3 ans.

    Au plaisir de te relire Marie. Bonne chance a toi et ta famille.

    Sandrine

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  18. Merci pour toutes vos réactions à mon texte. Je suis ravie de susciter la réflexion, c'est le but de mes articles dans lesquels je ne peux envisager tous les cas de figure, vous comprendrez.. nous avons 7 besoins fondamentaux (sécurité, repères, liberté, amour, sens et réalisation) et chacun les satisfait à sa manière. la société de consommation et son modèle de richesse, où l'argent devient un but et plus un moyen, faussent notre vision et nous éloignent de nos besoins réels. merci pour tous vos commentaires très constructifs sur le temps, l'écoute de ses besoins/envies/désirs, le sens.. merci et belle journée à tous

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  19. En relisant les commentaires me viens une autre remarque : chez nous, point de cadeaux "spéciaux" pour les Noël, fêtes et autres anniversaires (nous essayons constamment de réfréner les ardeurs des grands parents, ce qui n'est pas chose facile, mis nous avons la chance d'avoir des familles d'une relative sobriété !). A ces occasions, nous célébrons plutôt le temps qui passe, et la joie d'être réunis, en bonne santé, dans un environnement que nous avons choisi et dans lequel nous nous sentons bien. Nous saisissons ces occasions pour amener cette réflexions à notre conscience, puisque , même si nous réalisons notre chance, je trouve que le tourbillon du quotidien remise trop souvent ces éléments essentiels en second plan. C'est dans ces moment là, pour nous, que la "hiérarchie" des choses s'établit. Le temps passé à la confection d'un gâteau, la préparation des décorations, c'est cela notre vrai présent des uns aux autres dans ces moments, et bien souvent, aucun cadeau matériel n'est offert à ces occasions...C'est peut-être aussi pour ça qu'on ne se prive pas le reste du temps !! Pour ce qui est de notre projet personnel, Sandrine, les visas sont en poche, j'honore mon contrat de travail jusqu'au bout, un tour de France des personnes qui nous sont chères, et en route pour l'aventure...

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  20. zut, je n'ai pas signé : Marie

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  21. En effet, je te rejoins encore sur ce point Marie. Le gros cadeau de l'anniversaire, ce n'est pas celui qui est le plus gros en taille ni en argent, c'est la celebration qui est importante, la joie, la creation, le faire soi-meme, la sante, la reunion... Comme l'explique tres bien depuis le debut Laurence, l'argent brouille notre appreciation de valeur des choses et nous perturbe dans notre appreciation des objets comme outils et dans l'idee du don parental gratuit, ect...
    Nous sommes egalement des adeptes du peu et petits presents pour ces grandes 'ceremonies' de la personne, de l'etre. Noel dernier s'est celebre autour d'un branchage sec peint a la main de couleurs eclatantes selon une methode aborigene et de cuisine fraiche a 8 menottes, de chants et de danses sur plusieurs jours. Nous n'avons fait aucun autre cadeau aux enfants en dehors de ceux envoyes par la famille car nous vivons loin d'elle.
    A son dernier anniversaire, ma fille a eu une jolie poupee en porcelaine, denichee dans un shop de deuxieme main. C'est elle qui l'a choisi. Quelques dollars tout au plus. Elle etait ravie. Je crois que d'offrir des objets de trop grosse "valeur" justement durant ces celebrations, denature l'importance de qui nous sommes et de ceux qui nous entoure. Un outil si il est cher, n'est pas pour autant "diabolique". C'est un outil qui a sa necessite, point. Il est cher car il coute en ressource et en travail. C'est normal !

    Bonne chance pour la suite !

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  22. Et que dire du plaisir du parent qui offre ?
    Il y a parfois des situations où le cadeau fait davantage plaisir à la personne qui offre ...qu'à l'enfant qui reçoit.
    Il me semble que ce thème n'a pas été abordé.

    céc

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  23. Tres bon point aussi Cec. Le cadeau est une notion qui possede des dimensions extraordinaires (et essentielles).

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  24. Oh j'adore! Et ceci d'une maman qui vient également d'acheter un vélo à son petit de également pas encore 2 ans et demie et également ce n'était pas son anniversaire!

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  25. Bonjour,
    J'ai lu tous les commentaires, c'est toujours aussi intéressant de passer par ici !
    Je réagis à une phrase que tu as dite, Sandrine: "l'attente ne change rien, pourquoi ne pas jouir tout de suite" (je paraphrase)
    Je ne suis pas d'accord.
    C'est justement l'attente qui permet à la raison de faire le tri entre le besoin et l'envie. Ca s'appelle gérer la frustration. "oh le gros mot !"
    La plupart du temps, si on attend quelques heures, quelques jours, l'envie passe, alors que l'on voulait absolument, désespérément, quelque chose. L'enfant, surtout, ne sait pas encore faire la part des choses, tout enthousiaste qu'il est à profiter. C'est un apprentissage que de lui dire : attends un peu, ce vélo ne va pas s'envoler, on va réfléchir, etc".
    Tant de cadeaux sont faits sur un coup de tête, presque aussitôt abandonnés par l'enfant qui se rend compte qu'en fait il n'en avait pas besoin.
    Je ne suis pas pour brider de manière imbécile, bien sûr qu'on peut décider de faire un cadeau spontanément, de temps à autres, c'est tellement savoureux.

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  26. @ Belliflora, non je ne suis pas du tout d'accord avec toi. Mais je comprend ton idee ainsi que sa direction.

    C'est le recul et la retrospection qui sont necessaires a definir la limite entre le besoin et l'envie. L'attente peut-etre une consequence de ce recul et de cette retrospection, mais en aucun cas une necessite !

    Je ne vois pas pourquoi la semaine ou le mois prochain nous serions plus a meme de reflechir. D'autant plus, il me semble essentiel d'apprendre a nos enfants a reagir dans l'immediat que dans un hypothetique futur.

    Quand a gerer la frustration je ne comprend pas en quoi cette activite est desirable. L'epanouissement de la personne passe par son elimination plutot que sa gestion. Toutes nos frustrations doivent etre imperativement eliminees, soit par l'assouvissement soit par la reflexion qui fait changer d'avis.

    Lorsque tu dis : "L'enfant, surtout, ne sait pas encore faire la part des choses, tout enthousiaste qu'il est à profiter. C'est un apprentissage que de lui dire : attends un peu, ce vélo ne va pas s'envoler, on va réfléchir, etc".

    >> Reflechir c'est tres bien en effet, je te rejoins sur ce point, il nous faut imperativement reflechir avant tout acte, comme celui d'acheter. Mais la encore il me semble que cette assertion va dans le sens de ce que j'essaye de dire. C'est la reflexion qui est importante, pas l'attente ! Si attente en decoule (liee a l'incapacite d'un individu a faire un choix dans l'immediat...) ce n'en sera qu'une consequence, qui pourrait alors engendrer une frustration. Je pense que l'individu doit alors faire un travail sur lui meme qui lui permettrait d'apprecier le fruit de sa reflexion dans l'immediat (car finalement je crois que l'indecision est souvent liee a un manque de confiance en soi). Si c'est en raison des finances, nous serons d'accord qu'il s'agit d'un tout autre probleme. Enfin, si attente il y a pour x ou y raisons, il me semble essentiel de ne surtout pas oublier de reflechir effectivement a la question et ne pas 'laisser' l'enfant oublier. Il ne s'agirait alors en aucun cas d'une delimitation effective entre envie et besoin, mais plutot d'un oubli (ou d'un detournement volontaire de l'adulte...).

    Cela ne veut bien entendu pas du tout dire que je suis pour les coups de tete ! Non, je suis pour la reflexion, a chaque fois.

    Nos idees se rejoignent sur le fond, je n'ai plus envie de dire comme en debut de commentaire que je ne suis pas d'accord avec toi, mais plutot que ta proposition me semble incomplete.

    Merci pour cet echange et tes idees Belliflora.

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  27. Je comprends mieux maintenant, il y avait quelques chaînons qui manquaient à la réflexion. Merci à toi !

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  28. Si on souhaite ardemment une chose, soit on se l'offre, soit on travaille pour. Ceci me semble possible pour un adulte, mais pour un enfant (qui ne travaille pas) ? On est réellement amené à lui apprendre à gérer sa frustration, il me semble ?

    Dom

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  29. Tout d'abord je m'excuse encore, mon clavier azerty n'est pas branche. J'espere que mes reponses vous sont lisibles sans accentuation.

    Dom a dit : “Si on souhaite ardemment une chose, soit on se l'offre, soit on travaille pour. Ceci me semble possible pour un adulte, mais pour un enfant (qui ne travaille pas) ? On est réellement amené à lui apprendre à gérer sa frustration, il me semble ?”

    @ Dom : cette question est extremement pertinente car extremement interessante dans le debat d'idees qu'elle suggere. Merci de l'avoir posee.

    Pour ma part, je vais me repeter, mais non je ne suis pas du tout d'accord avec l'idee que l'enfant doit apprendre a gerer ses frustrations. En revanche l'enfant doit apprendre a eliminer completement ses frustrations, tout comme l'adulte n'ayant pas eu cette chance durant son enfance. La frustration doit etre imperativement assouvie ou annihilee (par le choix reflexif). C'est la frustration qui engendre des comportements irrationnels. Lorsqu'un enfant a un comportement irrationnel donc, c'est car il est cause par une frustration non assouvie ou non annihilee. Cet enfant va peut-etre reussir a refouler cette frustration, en la rejetant dans son inconscient pour une periode indefinie - les commentaires de Marie etaient tres pertinents en ce sens - ou alors lutter contre elle indefiniment (et reellement galerer !). C'est un fardeau tres lourd pour nos enfants, un fardeau epouvantablement lourd que les adultes de nos societes occidentales ainsi conditionnes ont a porter durablement. Et ce n'est pas pour le meilleur malheureusement. Je reviendrais sur cette idee plus tard.

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  30. L'enfant doit apprendre a se servir de sa raison avant toute chose. Il doit etre constamment confronte a des choix individuels qui viennent se heurter a sa morale et son ethique qu'il se construit depuis son plus jeune age (la premiere chose que l'adulte doit aider l'enfant a apprendre est tout simplement la difference entre le 'bien' et le 'mal' philosophique). Il faut ainsi le laisser experimenter (et faire des erreurs !). Il faut avoir confiance en lui. Il arrivera par lui-meme a assouvir ses propres besoins et a annihiler les frustrations qu'il aura determine lui-meme comme etant inutiles grace a ses experimentations mais aussi grace a sa raison. Il nous faut imperativement arreter de croire qu'un enfant ne peut pas faire des choix judicieux car il n'a jamais travaille dans un systeme economique exterieur a la maison (qui au passage est lui-meme en constante evolution). Les enfants ne sont pas betes, ils sont dotes de la raison et ne demande qu'a s'en servir. Ils sont capables de faire des “calculs economiques” et des “calculs rationnels” extraordinaires. Naturellement tous les enfants adorent les maths ! Ils sont fascines par cette discipline. Mais nos methodes d'education classique les detournent rapidement de cette appreciation logique et naturelle.

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  31. Dans un premier temps donc, l'enfant ne pouvant pas assouvir ses besoins (primaires comme individuels) lui-meme (un bebe ne peut pas manger, se laver et se vetir seul) c'est aux parents (c'est leur responsabilite) que d'assouvir ces besoins. De meme qu'un peu plus tard, un enfant de 3 ans par exemple qui ne travaille pas encore dans un systeme economique exterieur a la maison, car ethiquement c'est une condition que nous trouvons inacceptable – non pas de travailler selon moi, mais d'etre exploite, car les enfants adorent travailler - et qui ne peut s'acheter lui-meme des outils ou se payer des reponses a ses besoins individuels, c'est alors au parent d'assouvir ces besoins dans la mesure du possible. Mais comme pour le bebe qui a faim, nous allons attendre qu'il se manifeste lui-meme et ne pas lui mettre le sein ou le biberon dans la bouche avant (je parle d'enfants non handicapes ou non malades bien sur). C'est la que l'on s'appercoit que finalement un enfant nous demande tres peu de choses si ce n'est de l'attention (cette attention tellement necessaire a la construction de sa confiance en lui). Un enfant n'a pas besoin d'une enorme garde robe, il n'a pas besoin de caisses entieres de jouets, ect... Pour illustrer cette idee, posez-vous toutes et tous une question simple en allant dans la chambre de votre enfant et regardez autour de vous, dans les placards et les tiroirs, dans les coffres a jouets et demandez-vous quel est le pourcentage des possessions de votre enfant qui sont issues de sa propre demande, d'une manifestation de ses propres besoins... Vous me suivez ? Les enfants ne sont pas naturellement capricieux, ce sont nous les adultes qui perturbons sans cesse leur propension a delimiter naturellement leurs besoins. Parfois on leur reproche meme de posseder autant... Et tres souvent cela passe aussi par la table ! Pourquoi forcer un enfant qui n'a pas faim ou priver un enfant qui a faim ? Les enfants savent faire des choix equilibres si des leur plus jeune age ont les laisse se gerer et faire des calculs rationnels. Pour cela il faut que les parents soient eux-meme rationnels (et donc avoir plus de legumes et de fruits frais dans les placards que de chocolat...).

    La j'ai envie de reprendre le commentaire genial de Cec. Notre constat face a la chambre (bien remplie) de notre enfant vient de notre irrepressible envie de 'gater' nos enfants. Et finalement de se faire plaisir soi-meme. Pourquoi ? Pourquoi eprouvons nous autant de plaisir a offrir a nos enfants qui ne nous demandent rien ? Ne serait-ce pas issu d'une frustration latente justement ?

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  32. Pour en revenir a l'idee du travail Dom, je crois que les enfants adorent travailler. Je crois que les enfants doivent apprendre a travailler des leur plus jeune age. Ils peuvent apprendre a cuisiner a 18 mois, a couper les legumes avec un vrai couteau. Ils peuvent mettre la table (ils adorent le faire !), ils peuvent apprendre a cultiver la terre, ils peuvent apprendre a laver, nettoyer, faire le menage, se changer, laver une culotte qui a eu un accident ou meme changer soi-meme son propre lit si il y a eu un pipi dans le milieu de la nuit dans la bonne humeur car il aura pu acceder a ses draps et ses pyjamas, se laver, ranger ses affaires et sa chambre, comme il le souhaite (les enfants ont un gout pour l'ordre incroyable, regardez les trier leur cubes par tailles ou couleurs...). Si l'enfant est fatigue il ira de lui-meme se coucher et se reposer, dans un lit accessible et a sa hauteur. Il eprouvera non seulement de la fierte mais aussi un grand sens d'accomplissement et savourera la valeur et le plaisir du travail. Bien sur que les enfants travaillent ! Bien sur que les enfants doivent travailler ! Ils ne sont pas payes en revanche, comme dans un systeme economique exterieur a la maison. Ils sont en apprentissage d'eux-meme et de la vie. Ce sont des etudiants ! Et ils n'ont pas a meriter cet apprentissage. Ils le meritent tous, des leur naissance.

    Pour elargir, je pense que nous devons changer radicalement de paradigme. J'observe sans cesse autour de moi des adultes qui se disent epanouis et non frustres, qui se disent heureux de faire des choix ethiques dans un premier temps, mais finalement des que le salaire augmente ou que les opportunites se presentent, les choix de vie et la consommation suivent un parcours sans surprise... Car la vicieuse frustration est bien la, latente. Les comportements deviennent irrationnels (tiens les soldes par exemple.. on ne pense plus, on consomme car c'est moins cher), ou comme l'enoncait finalement Belliflora dans son commentaire, on ne sait plus trop sur quel pied danser, on ne sait plus vraiment si on peut, ou si on doit, ou si c'est bien ou si c'est mal... Alors il nous faut du temps pour reflechir car finalement nous sommes completement perdus, tortures entre nos besoins, nos frustrations et nos ideaux. Car la verite c'est que nous n'avons pas appris a reflechir. Nous avons appris a attendre, a eprouver un sentiment de merite, a se priver, a refouler nos frustrations... Il nous faut briser ce schema !

    Et pour aller encore plus loin, je crois que nous pourrions meme rendre un modele economique comme le capitalisme non seulement vivable, mais humainement interessant. Mais c'est un autre debat !

    Merci pour ton commentaire Dom. J'espere ne pas avoir ete trop longue.

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  33. Et aussi si le coeur vous en dit a lire pour des pistes de reflexions :

    Essai sur le don, de Marcel Mauss
    Sociologie et anthropologie, de Claude Levi Strauss
    Sophismes economiques et Harmonies economiques, de Frederique Bastiat

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  34. Je viens de verifier dans ma biblio, Sociologie et anthropo c'est de Mauss avec une intro de CL Strauss.

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  35. magnifique intervention Sandrine ! merci pour cette réflexion profonde.
    Pourrais-tu juste préciser ce que tu entend par raison. en effet, je trouve qu'on valorise beaucoup trop le QI et que les enfants ont une intuition importante sur ce qui leur convient ou non, en dehors de la raison (jusqu'à ce que cela soit englouti). Dire aux enfants qu'il FAUT réfléchir (tu es sûr ? tu as bien réfléchi? est-ce raisonnable ?)les coupe de leur intuition et de leur ressenti. Parfois ils souhaitent quelque chose sans qu'ils ne puissent l'expliquer "rationnellement". mais peut-être veux-tu dire autre chose quand tu parles de raison?
    merci

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  36. Oui Laurence, je rejoins completement ton avis sur l'intuition et le ressenti de l'enfant qui doivent s'exprimer en toute liberte. Je pense aussi qu'il ne faut pas couper cet elan. Ta remarque est vraiment tres importante dans le sens ou elle remet en question un certain point de mon argumentation. Je pense tout d'abord avoir tres mal employe le terme "reflexif" car il n'est definitivement pas apposable a un enfant de 3 ans. Reflexif veut dire raisonnement conscient a propos de sa propre reflexion (retour sur sa pensee ou conscience). Ce que je voulais dire et aurais du dire depuis le debut en parlant des enfants c'est "choix nourri par des conclusions conscientes ou inconscientes tirees d'experimentations passees". Ce qui n'a pas a voir avec l'intellect et son quotient en effet (meme si je pense que les enfants sont tous des genies). Pourtant c'est le bon sens de l'enfant qui se manifeste deja il me semble a travers l'intuition et le ressenti (meme si non issu d'une reflexion consciente). L'intuition et le ressenti selon moi ne sont pas detaches de la raison, du bon sens et de la logique. Ils sont je pense, une resultante construite par l'inconscient en de ca de la part purement "reptilienne" de l'experimentation. J'utilises bien dans mon commentaire ce sens philosophique du mot raison (ce n'est en effet pas la definition la plus cartesienne meme si je parle ici de bon sens et de logique).

    Dans ce sens, on dira aussi d'un enfant qu'il est rationnel et non pas qu'il est raisonnable. Il ne faut pas confondre non plus ce sens philosophique du mot raison avec d'autres usages courants qui peuvent induire en erreur, comme "j'ai raison", au sens ou une opinion nous parait correcte ou justifiee ou encore lorsqu'on dit "voici mes raisons" en designant par la les justifications qu'on apporte en faveur d'un acte ou d'une decision.

    Je pense donc que la raison est imbriquee a ce que tu definis comme l'intuition et le ressenti chez l'enfant. Aussi ce n'est pas parcequ'ils ne sont pas encore capable d'expliquer ce ressenti "rationnellement" qu'ils ne font pas deja des "calculs rationnels". Bien au contraire. Lorsque je dis que l'enfant doit apprendre imperativement a "raisonner", je sous-entend qu'il doit vivre par lui-meme des experimentations et en tirer des conclusions (conscientes et inconscientes) par lui-meme. Plus tard, lorsqu'il en aura la capacite cerebrale il pourra bien entendu completer ce contenu par des reflexions conscientes et des "reflexions reflexives" - c'est presque pas un pleonasme ;-) je ne trouve pas d'autre formule. Et ce n'est surtout pas au parent d'inciter a ces reflexions par des "tu es sur, etc..." comme tu le dis si bien. Au contraire, cela ne fait que jeter un frein ou un trouble parasite sur le bon deroulement des choses. En cela nous devons imperativement faire confiance aux enfants et les laisser experimenter et apprendre a raisonner par eux-meme. Merci a toi pour cette remarque si juste !

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  37. Oh je me relis et trouve encore des idees peu comprehensible. "Imbrique dans" et non pas "a". Et aussi je voulais dire : "Ils sont je pense, une resultante construite par l'inconscient en deca de la part purement "reptilienne" de l'experimentation."

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  38. Je retrouve cette citation de Maria Montessori qui je me souviens, lors de ma premiere rencontre avec ses idees, avait suscite en moi une profonde reflexion (et passion pour la question !). Je souhaitais depuis mon intervention la noter absolument ici :
    "The task of the educator lies in seeing that the child does not confound good with immobility and evil with activity."

    A bientot toutes et tous, j'espere que vous passez un bel ete (pour la plupart) et de bonnes vacances.

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