vendredi 16 avril 2010

Poésie à l'école !

J'avais juste envie de vous parler poésie et de vous dire comment je la vois à l'école, ce que j'ai observé en classe et ce, quelles que soient les écoles et quel que soit l' âge des enfants !

Une poésie peut être très longue, difficile à comprendre mais les enfants sont sensibles et réceptifs à la musicalité des mots. Une poésie même difficile peut leur plaire ou non.

J'ai toujours lu des poèmes juste pour le plaisir en classe et proposé plusieurs poésies à apprendre aux enfants. A chaque fois ils ont le choix entre deux et ne la disent que lorsqu'ils se sentent prêts. C'est toujours plus facile d'apprendre un texte par coeur quand celui ci nous émeut.

Et les enfants sont étonnants, je me souviens d' un garçon de 10 ans n'aimant pas l'école et ne travaillant pas, être le seul de la classe à choisir la poésie la plus longue et la plus difficile : "le hareng saur " de Charles Cros et la dire devant les autres avec tellement de vie et d'envie !

Ou encore les yeux ébahis d'un enfant de 6 ans à l'écoute des poèmes de Victor Hugo lors de la semaine du poète !

Et puis il y a aussi tous ceux à qui la poésie ne parle pas, mélangent ou changent les mots, se trompent dans le nom de l'auteur, n'arrivent pas à l'apprendre, attendent d'être obligé pour dire leur poésie ....

Le hareng saur

Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.

Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle - gros, gros, gros.

Alors il monte à l'échelle - haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu - toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc - nu, nu, nu.

Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec.

Il redescend de l'échelle - haute, haute, haute,
L'emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s'en va ailleurs - loin, loin, loin.

Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue,
Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours.

J'ai composé cette histoire - simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves,
Et amuser les enfants - petits, petits, petits.

Charles CROS (1842-1888). Diffusion autorisee http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Hareng_saur Licence CC.

Et pour vous, la poésie est nécessaire, inutile, difficile, source de joie, de fatigue, de peur ... ?
Quels sont vos souvenirs de la poésie à l'école ?

12 commentaires:

  1. Mon souvenir de la poesie est pour ma part plutot douloureux, malgre le petit cheval blanc de Brassens que j'ai adore apprendre.

    En revanche je ne ferme pas non plus la porte au par coeur completement.

    Mais j'avoue ne pas avoir encore beaucoup reflechi a la question. Je vais me laisser porter par le debat et j'interviendrais au gre de la musique ;-)

    Merci pour ce texte Marie Helene !!

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  2. je me souviens de l'oiseau Lyre de Prévert, j'étais une petite fille pleine d'imagination et qui adorait lire (ce que je suis toujours...je pense)...et cet oiseau "lire" faisait vagabonder mon esprit.
    En lisant ton article cette poésie m'est revenue de mon enfance et de ma petite école, je ne me rappelle presque plus des paroles mais plutôt de cette musicalité dont tu parles...
    Après, est ce nécessaire où utile, ça je n'en sais rien et je t'avoue que je ne me suis pas posée la question, mais en tout cas cet exercice ne me rappelle pas de mauvais instants...

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  3. Des bons et mauvais souvenirs.... je me dis qu'apprendre par coeur, c'est important, mais qu'une poésie, c'est comme une oeuvre d'art, ou une musique... cela raisonne de manière différente pour chacun, cet apprentissage parfois demandé, prive l'enfant de prendre plaisir à découvrir la beauté...
    Je trouve cela chouette d'offrir des moments de poésie comme des cadeaux, des lectures gratuites, pour le plaisir, sans objectif pédagogique caché... ce que tu faisais avec tes élèves :-)
    ou encore de leur permettre de choisir leur poème préféré avant de se l'approprier en l'apprenant, pour l'offrir à leur tout aux autres.
    Leur permettre de participer à de la création poétique, c'est aussi fabuleux...

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  4. Liv, bientôt 3 ans, est très sensible au langage. Elle aime beaucoup les mots et de ce fait la poésie lui plait : elle aime les rimes, les phrases qui ont une musicalité rigolote, il y a même des phrases qui la font rire, non par leur sens, mais par la sonorité !
    Pour ma part, j'ai de bons souvenirs des poésies apprises par coeur à l'école. J'aimais cet exercice car il était pour moi très facile de retenir, même un long texte. De plus j'aimais beaucoup les illustrer, je pouvais passer des heures à peaufiner mon dessin de poésie. Je ne crois pas que mes parents aient gardé ces cahiers de poésie... dommage...
    Encore aujourd'hui, il y a des vers qui me reviennent en tête.

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  5. Je me souviens de très beaux textes appris au lycée... je suis heureuse adulte de les retrouver, peut être aussi parce que j'habite l'étranger et qu'ils me rappellent mes racines, mon pays, mon histoire... j'ai le grand désir que mes enfants les découvrent, cela permet de développer l'oreille à la musicalité de sons, de phrases, développe l'attention, la concentration et la mémoire. Plein de bonnes choses pour tout le reste de la vie à mon sens ! quoique devienne l'enfant par la suite !
    Je poste d'ailleurs depuis quelques jours des poésies retrouvées !

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  6. Je crois que je rejoins encore une fois Aline. Apres reflexion, tous les textes dont je me souviens, ceux qui m'ont emu et touche, sont ceux que j'ai lu et relu de moi meme et non pas ceux que j'ai eu appris par coeur a l'ecole.

    Adolescente je devorais. J'aimais beaucoup la poesie, surtout vers l'age de 17 ans. A la fac, lorsque je suis entree en lettres modernes, j'ai passe beaucoup de temps a la lire. Pour certaines, je les ai lues et relues. Je realise que ce sont celles-ci qui sont restees.

    Dans mes souvenirs de l'ecole primaire, je n'ai aucun souvenir d'un texte precis en dehors du Corbeau et du Renard de La Fontaine que j'ai du apprendre 3 fois dans 3 annees differentes et de la chanson de Brassens que j'aimais beaucoup car ma mere la chantait.

    En revanche je me souviens des batailles pour toutes les autres avec ma mere, que j'en venais a detester dans ces moments la, et qui la pauvre etait desesperee de ne reussir a m'arracher 3 vers de suite.

    En revanche j'ai de beaux restes de poemes a l'esprit, de Baudelaire, de Mallarme, de Rimbaud, de Verlaine, d'Apollinaire, de Breton, de Char, ou encore de Hugo. J'ai du lire les Contemplations plus de 5 fois. Ce livre fut ma bible de nombreuses annees. J'ai conserve avec moi et dans mes voyages, une belle edition reliee.

    Je vais donc pour ma part rester sur l'idee, que ces poemes, je les ai aimees dans ma tete et dans mon coeur, mais avec la liberte de les aimer. Pas dans un cahier a apprendre par coeur. Ce cahier n'avait pas de sens a mes yeux.

    Pour ce qui est de l'apprentissage par coeur, je l'ai toujours deteste. Mais peut etre que je ne suis pas d'accord avec la definition qu'on lui donne. Apprendre par le coeur, c'est le retenir mot a mot certes mais car on aime chacun de ces mots terriblement, et qu'ils vont tous ensemble, comme une musique ou une chanson. Finalement on peut se souvenir d'un poeme, d'une poesie, sans faire la demarche de l'apprendre dans cet unique dessein. Je crois que c'est cela apprendre par coeur.

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  7. Apprendre par coeur ou apprendre avec le coeur ... Je n'ai pas aimé apprendre les poésies par coeur. L'amour pour la poésie est arrivée plus tard. J'ai un très beau souvenir de mes années d'enseignante : une classe de 3ème, avec des élèves dits "peu motivés". Je leur ai présenté un poème sur les sans domicile fixe, on en a parlé longuement... Un élève qui avait baissé les bras m'a dit qu'il n'a pas appris les vers mais j'entends ses amis dire que le poème lui a plu quand même. Il m'avoue, tout bas, qu'il a donné à un sans domicile fixe son sandwich de midi...
    Quand la poésie fait agir ...

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  8. Oh la poésie ! j’ai tjrs adoré et j’en lis à mon fils. Je crois comme vous dîtes que les enfants apprécient le rythme des vers, les répétitions des sons, mais aussi les surprises dans le rythme et le son qui donnent à la poésie cette joie, cet inattendu qui manquent parfois à la prose.
    Comme les autres commentateurs, le par coeur ce n’était pas mon truc non plus. Mais certains vers sont restés gravés dans ma mémoire à force de les relire pour le plaisir, pour leur beauté. Comme ces vers qui parlent justement de la beauté des arts et des lettres.
    « Car c’est vraiment seigneur le meilleur témoignage
    Que nous puissions donner de votre dignité
    Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge
    Et vient mourir au bord de votre éternité. »
    Victor Hugo

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  9. La poésie... j'adorais illustrer mes poésie en primaire :-) J'avais très fort le trac quand il fallait les réciter devant tout le monde, mais je mémorisais bien (pourtant à moins de 5 ans, je pouvais me mettre debout sur une chaise chez mes parents et me mettre à chanter, soudainement ! lol Même pas peur !)

    Aujourd'hui, j'aime jouer avec les mots, les écrire, les chanter. Dans mon travail auprès des enfants, j'aime leur en lire. Et si je note que certains enfants aiment, ou bien ils me la redemande, alors je la redis...

    Et quand ils sont petits, parfois même tout petits petits, je la mets sur un air chanté et ils peuvent me la faire répéter encore et encore et encore... Et même si ils ne savent pas encore parler, très vite, ils peuvent fredonner le début avec de grands sourires, m'invitant à entonner avec eux.

    A 18 mois environ, j'ai souvenir de certains qui peuvent me rechanter ça (à force de me l'avoir demander plusieurs fois pendant 3 jours par exemple ! lol), de manière assez exacte.

    De toute façon, ça se voit, c'est incroyable : ils me fixe, avec de grands yeux, des sourires parfois, je sens leur attention complètement tournée, comme un élan. Ils absorbent, ils mémorisent, dans ces instants-là, parce que ça leur plaît ! Et c'est magique de voir ça :-)))

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  10. wow ! ca donne envie d'etre dans ta classe la...

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  11. Ces expériences ne sont pas issues de classes mais d'ateliers hors école, ou de séances 'accompagnement plus orientées "thérapeutiques" ! lol
    Je me suis intéressée à différentes pédagogies "alternatives", me suis formée à l'AMI comme assistante-éducatrice pour creuser le sujet en parallèle d'autres diplômes... tout aussi alternatifs ! lol mais dans un domaine un peu différent.

    Des fois, je me retourne sur mon parcours, et je me dis qu'en effet, à cet âge-là, en faisant ça, je ne pouvais que créer mon propre métier... lol Je dois être comme les enfants, mais avec un côté "sauvage" dans ma volonté de liberté ! lol C'est peut-être pour ça qu'on arrive souvent à se comprendre et à rigoler ! lol

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  12. Interessant en effet. C'est super cette idee d'ateliers.

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