samedi 17 avril 2010

Asanas et pranayama pour les moins de 8 ans





Avant huit ans, la pratique sera courte et essentiellement ludique.
Les postures n’en restent pas moins des asanas. Les enchaînements dynamiques ne seront pas introduits, car ils demandent une plus grande attention et surtout une coordination du souffle qu’un enfant de moins de huit ans ne maîtrise pas. Les enfants individuellement, en groupe ou en duo, prendront des postures représentant des animaux, des objets, des personnages. En s’appuyant sur une petite histoire, ils partent en safari dans la jungle ou dans une ferme rencontrant vaches, papillons, serpent, lions, etc…
Cette forme de jeu inclut une large place au langage. Le développement intellectuel d’un enfant est étroitement lié à son développement verbal. Entre dix-huit mois et six ans, son développement cognitif peut être influencé par la quantité et la qualité des échanges parlés entre la mère et son enfant. Il paraît donc essentiel pour le professeur de yoga d’utiliser son imagination afin de rendre les asanas attrayantes et instructives pour le jeune enfant. Par exemple, à un moment de l’histoire où l’on rencontre le lion (Simhasana) dans la jungle, la langue pendante et gouttant de sueurs, proposer aux enfants de trouver à quel autre animal cette langue pendante leur fait penser. Est ce que leur propre chien le fait ? De cette manière on induit des idées, des regroupements, diverses informations et du coup, on peut enchaîner avec la posture du chien tête en bas Adho Mukha Svanasana et celle du chien tête en haut Urdhva Mukha Svanasana.
Même si la pratique avec les moins de 8 ans est ludique, le professeur doit amener l’enfant à respecter une règle majeure en yoga qui repose sur le respect des trois étapes qui constituent l’asana :
- la prise de la posture
- le maintien de la posture
- la sortie de la posture
En s’appuyant sur la métaphore de la cueillette d’un fruit, on l’aide à comprendre qu’il ne faut pas brûler les étapes. Il faut tout d’abord monter dans l’arbre, couper le fruit et enfin redescendre de l’arbre. Chaque étape est essentielle et indissociable l’une de l’autre. Le yoga est une discipline, une sadhana, apprendre dès le plus jeune âge à respecter un ordre précis de déroulement d’une posture évite les blessures, les sorties trop « brutales » et augmente l’attention et la concentration de l’élève.
Un exemple frappant est celui de la chandelle : les enfants ont tendance à prendre la posture très rapidement, se retrouvant à moitié tordus et envisageant un retour trop « brusquement».
Voici quelques exemples de pratiques ludiques:
  • Devenir un arbre : en solo L’enfant débute l’asana en feuille pliée (ou posture de l’enfant) qui représente la petite graine. L’enseignant décrit la pluie qui arrive et arrose la graine, le soleil revient et grâce à sa lumière la petite graine déploie ses racines dans la terre et commence à grandir. L’enfant se déroule et s’étire vers le ciel et ouvrant ses bras qui forment les grandes et larges branches de l’arbre.
  • Le lotus en floraison : en groupe Les enfants sont assis en cercle, leurs pieds pointant vers le centre, les mains en prière. C’est la nuit, la fleur dort, alors tout doucement, ils rapprochent leurs têtes des genoux comme dans paschimottanasana mais conservant leurs mains tenues ; puis le jour se lève et la fleur va commencer à s’ouvrir. En premier, ils reviennent en position assise puis soulèvent leurs bras et viennent s’allonger sur le dos ; ils soulèvent très doucement une jambe, puis l’autre, pour au final apporter les deux derrière la tête et se retrouver dans la posture d’Halasana. La fleur est totalement ouverte ; la nuit revient et la fleur va de nouveau se refermer.
  • en duo : Un enfant fait le chien tête en bas ou le pont et l’autre est un serpent qui rampe en dessous.
Concernant la respiration avant l’âge de 8 ans, il s’agira de situations de découvertes et d’hygiènes respiratoires.
  • La respiration abdominale sera naturellement ample et profonde. Laisser l’enfant découvrir son propre rythme sans lui imposer de compte ; lui déposer sur le ventre un petit bateau en papier qu’il aura au préalable fabriqué, et le laisser observer le mouvement que provoque sa respiration sur le bateau : à l’inspire lorsque le ventre se gonfle, une vague se crée et le bateau se soulève et lorsqu’il expire, la vague baisse, le bateau descend. Il y a un véritable lien de cause à effet, l’enfant développe la conscience de l’abdomen et de sa respiration abdominale jusqu’à présent inconsciente alors qu’elle est naturelle et spontanée.
  • Bhramari pranayama : Afin d’encourager une profonde inspiration, l’enfant doit au préalable avoir expiré entièrement. C’est le principe de la bouteille que l’on ne peut remplir que si elle a été au préalable vidée. Avec Bhramari, on demande à l’enfant de bourdonner aussi longtemps que possible sans reprendre sa respiration, cela encourage donc ensuite de profondes inspirations. Les enfants apprécient beaucoup cette respiration car ils adorent créer des sons, et en pratiquant tous ensemble, cela crée une sorte de chant. Mon fils de vingt mois adore le faire et dès qu’il entend le mot abeille, il se met à bourdonner.
  • Développer l’inspiration: l’exercice de l’escalier. Il s’agit d’imaginer vouloir monter un escalier garce à son inspiration. Monter le long de la marche, garder l’air, monter sur la deuxième marche en inspirant un peu plus, garder l’air, puis la troisième et ainsi de suite jusqu’à avoir rempli tout son espace respiratoire et gravi toutes les marches, puis expirer profondément en descendant par un ascenseur. Cet exercice peut se faire également dans l’autre sens pour développer l’expiration ; dans ce cas, on monte son inspire par l’ascenseur et on expire graduellement en descendant chaque marche. Après une certaine pratique, l’enfant réalise qu’il y a une coupure, une pause entre l’inspiration et l’expiration.
  • Nettoyage et conscience du nez : En yoga, on respire toujours par les deux narines. Il est important d’avoir une bonne hygiène du nez en apprenant à le nettoyer dès le plus jeune âge. Traditionnellement, on utilise un lota (récipient en forme de théière) dans lequel on met de l’eau salée (37°), on penche sa tête et l’on place le bec verseur dans l’une des narines en veillant à ouvrir la bouche légèrement ; l’eau s’écoulera par l’autre narine ; à faire des deux côtés. Pour faire sécher le nez, faire le lapin, c’est-à-dire « rider » le nez et souffler la bouche fermée pour chasser l’eau.
  • Enfin, on peut conclure tous ensemble, assis en cercle en se donnant la main, une face vers le ciel, une vers le sol, ainsi les mains sont en contact avec celles de son voisin. Cette technique a pour but d’apprendre à concentrer son esprit sur le souffle qui parcourt le cercle d’une main à l’autre et ressentir l’énergie, le prana qui circule comme un courant électrique d’une main à l’autre. L’enfant inspire dans la paume de la main gauche et expire dans celle de droite.

5 commentaires:

  1. Ton article est super interessant. J'ai meme envie de faire quelques postures avec lili ce soir en rentrant de l'ecole !!

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  2. oui! très interessant. merci!

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  3. Je suis contente, grâce à ton article, je viens de me rendre compte que je faisais du "Bhramari pranayama" sans le savoir en classe, quand je faisais cet exercice avec les enfants pour échaufer la voix et se mettre en condition pour chanter !!!
    Merci !

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  4. Merci beaucoup, avec ce que tu nous dis là et ma propre pratique, je vais me lancer à l'école, génial!

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  5. je vais essayer avec Apolline. thanx!

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