jeudi 13 mai 2010

L'éducation nationale

J'ai toujours détesté cette dissonante association de mots : "éducation nationale". Comme si l'on pouvait nationaliser l'éducation. Comme si un individu pouvait donc et devait etre "nationalisé" a travers son éducation. Nous nous trouvons ici dans une dénomination si lointaine de la destination idéale et pourtant tres réaliste de l'éducation publique : l'éducation pour tous, c'est a dire offrir une chance égale a chaque individu de se réaliser, s'épanouir, se construire et s'éduquer.

Aline, enseignante engagée et passionnée a l'éducation nationale, m'a fait suivre ce matin cet article. Un constat de la cour des comptes. Edifiant ? Mon cafe n'avait pourtant pas plus d'amertume que d'habitude.

Et si nous parlions de l'individualisme ?

"L'individualisme est une conception politique, sociale et morale qui tend à privilégier les droits, les intérêts et la valeur des individus par rapport à ceux du groupe. Il prône l'autonomie individuelle face aux diverses institutions sociales et politiques (la famille, le clan, la corporation, la caste...) qui exercent sur lui certaines règles. Il s'oppose ainsi à l'obligation du groupe envers lequel l'individu a des devoirs. Il ne faut cependant pas confondre individualisme et égoïsme à courte vue. Car si l'égoïste ne considère que ses intérêts personnels, l'individualiste considère l'intérêt des individus et non le sien uniquement. Par exemple, faire partie d'une organisation quelconque n'est pas incompatible avec le principe d'individualisme." Introduction de Wikipédia a la problématique de l'individualisme.

Un terme décrié, lacéré et diabolisé sur des générations entieres en France et malheureusement au sein de son systeme éducatif. Contrairement aux USA, ou la peur de la couleur rouge durant une certaine guerre froide et son entretient appliqué encore bien des années par la suite, l'a completement exacerbé et finalement corrompu jusqu'a son stade le plus poussé (sombrant ainsi certainement dans un égoisme sublimé et relayé sans cesse par son Etat et son gouvernement).

Deux extremes sociologiques ? Je crois que dans un sens oui. Il existe pourtant une palette exploratoire entre ces deux extremes, experimentée dans de nombreux autres pays dits democratiques, gouvernements et donc systemes éducatifs publiques. Pour moi l'éducation publique francaise et l'éducation publique américaine sont deux exemples reussis d'une éducation publique completement ratée. Ces deux sociétés arrivent aujourd'hui a un tournant, une page dramatique de leur histoire ou des enjeux humains colossaux sont pourtant en train de se jouer. Et tres ironiquement, ces deux pays demeurent les symboles planétaires de la Liberté. Et la France de l'Egalité.

Je crois pourtant qu'il y a dans le coeur de ces deux incroyables sociétés des idéaux tres forts, des réflexions profondes, des engagements humains exceptionnels. Et bien entendu, il n'est pas trop tard pour changer les choses, ni notre facon restreinte et binaire (je devrais dire manicheenne) de comparer ces sociétés. Mais il ne faudrait peut etre pas trop "attendre". Il arrivera ineluctablement un jour ou ce sera en revanche trop tard. Et ce sont nos propres enfants qui en payeront les consequences.

36 commentaires:

  1. "Raté ": le mot vient souvent de la bouche des enfants. Ils le ramènent de la salle de classe. Quand l'école appliquera t-elle son slogan ?
    Une société où chacun à sa place, où l'erreur est considérée comme une avancée, l'expérimentation : une formation, l'honnêteté : une valeur, la relation à l'autre : " le plus haut degré de l'intelligence".

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  2. Il y aussi au US une plus grande liberte d'experimentation et il y a un mouvement de "charter schools" qui semble avoir fait ses preuves depuis une vingtaine d'annees mais qui mlaheureusement est ignore par les politiciens. Il me semble qu'une possible solution serait de laisser les ecoles se gerer elles-meme, afin d'eviter l'application de programmes qui ne correspondent pas au public vise.

    Keep it up :-)

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  3. Constat édifiant que ce rapport, certes, mais pas suffisant pour que d'un point de vue politique les choses changent, dans le bons sens du terme...
    C'est assez terrible car sur le terrain, une grande majorité des enseignants éduc nat décrient ce système, en ont assez de voir se succéder des réformes n'ayant aucun sens pour leurs élèves...

    Mais pas assez, selon moi, vont au bout et entrent en résistance, pour le bien être et la construction de leurs élèves...
    :: comme par ici
    http://resistancepedagogique.blog4ever.com/blog/index-252147.html
    La classe, en école primaire, est un magnifique espace de liberté pour l'enseignant, si il parvient à mieux comprendre son rôle et à s'affranchir de sa hiérarchie, si on est dans le bon sens, si on donne à voir quelque chose de différent à ses collègues, aux profs stagiaires, aux conseillers pédagogiques, aux inspecteurs, sans se battre de manière frontale, mais en donnant à observer une pédagogie intelligente, alors on fait qq peu avancer les choses, et en premier lieu on le fait pour la construction des enfants en face de soi. C'est en tout cas ce que je tente de faire, non sans difficultés... faute de mieux...

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  4. Oui... J'en suis à profondément réfléchir au Unschooling pour notre enfant. Il est encore bébé, mais forcément avec ce que j'ai vu dans mon travai...j'y pense. J'ai la même sensation qu'Arnaud concernant les USA. C'est peut-être d'ailleurs un peu ça qui fait que je suis souvent attirée par les pays comme USA, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande (? lol)

    Il est tellement dommage que les pédagogies alternatives ne soient pas plus souvent financièrement accessible à tous... Personnellement, j'ignore si nous pourrons me permettre de payer une scolarité avec approche innovante à notre enfant. Et sachant les quelques bagages que j'ai, je suis tentée de faire quelque chose avec lui, pourquoi pas en y intégrant d'autres enfants...

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  5. ah oui : j'ai une question pour les expertes montessoriennes : Je vois de plus en plus de produits de Michael Olaf (US). Vous en pensez quoi ?

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  6. personnellement, je suis plus nuancee qu'Arnaud sur les merites du systeme US, sans doute n'avons-nous pas la chance d'avoir une ecole innovante... mais une ou les budgets ont tout simplement ete coupes par l'etat ( ville "riche" ) adieu activites artistiques, sorties, langues et peut etre meme bibliotheque dans l'ecole. Les prochaines annees en terme d'education publique s'annoncent incertaines.
    Le culte de l'individualisme m'apparait souvent de facade, certes on ne laisse personne derriere ( programme nochild left behind) mais au final, cela peut se traduire par une surcharge de travail pour un eleve deja en difficulte ( ce fut le cas de ma fille), l'idee est louable, la realisation plus delicate. Bref, comme toujours cela depend beaucoup de l'enseignant et de sa volonte d'apporter reellement aux enfants.

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  7. Merci Sand pour ce billet et l’article que j’ai lu avec grande attention. Il semble que cela confirme encore plus ma décision de mettre mon fils dans le système d’éducation anglo-saxon et non français. Je suis née et j’ai grandi en France jusqu’au bac. Après j’ai fait mes études universitaires (licence et doctorat) aux Etats-unis.

    Maintenant comme famille, nous allons de pays en pays et pour mon fils je dois choisir dans quel système le mettre. Le Lycée français est présent un peu partout, et les écoles anglaises et américaines également.

    Ce sera le système anglo-saxon. Je trouve qu’il ouvre plus l’esprit, laisse de la place à l’imagination, rend heureux --oui j’ai bien dit « heureux » comme une amie qui me raconte que sa fille de 8 ans lui dit alors qu’elle revenait de l’école (américaine) : « Maman je suis heureuse ! » Quand est-ce que l’on a dit cela lorsque nous étions à l’école ?

    Mais bon je ne veux pas non plus généraliser. Il y a des limites bien sûr et tout system étant un system a ses défauts souvent liés au fait que tout changement est généralement lent et coûteux (étant justement un system donc « fermé »).

    La question posée ici sur l’individualisme est de grande importance et je crois que sur ce point et d’autres, ce sont aux parents de contribuer, de montrer l’exemple, de rester ouvert, d’écouter l’enfant et surtout de le stimuler intellectuelment. L’école oui donne beaucoup, mais les parents doivent faire leurs parts et il serait erroné de baser toute l’éducation et par cela je veux dire « Education » au sens très large du terme, simplement sur l’école. Ne croyez-vous pas ? (pardon… j’espère que je n’ai pas trop dit.)

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  8. Merci pour vos commentaires qui elargissent ma reflexion. Pour avoir vecu en France, en Australie, en Nouvelle Zelande et pour connaitre tres bien les USA et avoir un membre de ma famille tres proche qui travaille la-bas comme enseignante (SoCal) et avec qui j'entretiens maintenant une correspondance passionnee depuis des annees, sans parler de mon "activisme libertaire" qui me fait partager et echanger beaucoup avec le pays etoile, je partage globalement l'avis d'Arnaud, de Kenza, et de Jardiniere d'Eveil. Je pense que contrairement a l'immobilisme et au statisme philosophique et politique francais (qui pourtant fut un berceau prodigieux!) il existe une reelle dynamique dans le systeme anglo-saxon lie a l'experimentation (que ce soit le homeschooling ou les ecoles alternatives) et ce meme d'un point de vue politique. Apres cela fait 5 ans que j'ai quitte la France et son milieu alternatif. Je peux avoir un train de retard. En revanche je crois qu'il se reveille grandement. Que des choses sont en train de se passer. La ou le liberalisme peut etre envisager differement et l'individualisme redore. Cependant tout comme Gawell, je tiens a nuancer cette idee. Les USA sont loin d'etre un modele educatif/politique egalement (en tous cas ils le sont pour moi beaucoup plus dans leurs intentions et leur alternatives que dans leurs realisations publiques).
    Mais oui, je crois profondement que des reflexions generatrices de tres bonnes choses partent dans la bonne direction outre-manche. Et je pense que Kenza met le doigt sur une piste de reflexion essentielle qui est la responsabilite individuelle et donc parentale.

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  9. > Jardiniere d'eveil, pour Michael Olaf je n'ai pas lu ses livres. Je suis tres tres peu a la page sur ce qui se dit autour de la pedagogie Montessori. Je suis assez "puriste" et autodidacte dans ma facon d'apprehender les choses. Je n'ai pas lu beaucoup d'interpretations en dehors du travail perso de M.Montessori qui a passe une vie sur ce sujet (observation-theorie-pratique). Peut etre que quelqu'n d'autre connait ?
    Et toi quel est ton avis ?

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  10. :: En ce qui concerne Michael Olaf, pas d'avis non plus, je connais très peu... Un peu comme Sand...
    Tu parles de produits, càd, matériel à vendre?

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  11. Oui, je parle par exemple de ce type d'objet qu'il appelle "the perfect pacifier" qui est orange sur une photo à gauche en descendant (y'a pleins de liens vidéo d'enfants à regarder emmenant sur Youtube, de ce fameux Michael Olaf) :
    http://michaelolaf.net/BirthYearOne.html

    Je ne sais pas trop quoi en penser, parce que justement je suis assez ouverte sur les différentes approches alternatives en général, mais je me souviens qu'il y avait un peu des combats à l'intérieur des différents mouvements montessoriens, pas reliés à l'AMI...

    J'ai souvenir aussi, lorsque je vivais en Irlande, que certains jardins d'enfants se nommaient Montessori, mais ne l'étaient pas vraiment... Vous savez, c'est un peu comme les produits estampillés bio que l'on trouve en grande surface et quand on regarde la composition, il n'y a qu'une partie de la composition qui l'est vraiment...

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  12. Ce matériel n'est en effet pas "estampillé" Montessori, mais à vrai dire, dans un nido, on peut y intégrer tout un tas d'objets pour bébés, qui s'en approcheront.
    Sinon, un lien vers du matériel Montessori pour bébé, moins cher que Nienhuis...
    http://www.absorbentminds.co.uk/acatalog/Toddlers.html
    Attention après pour la qualité, surtout des objets pouvant être portés à la bouche, mieux vaut des objets en bois, traités à la cire d'abeille, que l'on trouve beaucoup en Allemagne ou sur les sites pour bébés "écolo".

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  13. oui ! en ce moment Bébé s'éclate avec un hochet en bois naturel uni qui vient d'Allemagne avec une boule sur le gros anneaux et 3 anneaux plus petits enfilés dessus. Bruits discrets pour ne pas l'effrayer, et mordillage à tout va entre deux "secouages de folie" ! lol lol J'adore le voir faire ça ! :-))

    Merci pour ce précieux lien de matériel Montessori :-))

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  14. pour revenir à l'école...il y'a tjs des endroits où on respect l'enfant et son "travail"...
    Mon fils ainé a eut la chance de faire sa 1ere année d'école dans un établissement de ce genre...
    pas de réflexion sur ce que fait l'enfant etc etc...
    le changement d'école a été d'autant plus difficile pour lui....
    évaluation de fin de trimestre avec carnet....(où je lis que mon fils de 4ans et demi est immature), petit bonhomme sur les feuilles qui tire la tronche si le travail n'est pas bon ou encore des grandes croix faitent sur le travail qui ne correspond pas....
    bel exemple de tolérance et bravo pour l'estime de soit!

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  15. :: Coralie, c'est vrai, c'est super dur, je vis moi même des trucs similaires avec mes enfants, ça me retourne...
    :: Jardinière d'enfant : Maria Montessori n'avait pas déposé le nom "Montessori", ce qui fait que n'importe quelle école peut porter son nom, sans pour autant appliquer ses préceptes pédagogiques. En France, pour avoir plus de garanties, voir la liste des écoles qui ont signé cette charte...
    http://www.montessori-france.asso.fr/page_modele_01/list/sous_menu_id/12

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  16. oui moi aussi ça me retourne, surtt qd je vois mon fils qui dessine des bonhommes contents ou non sur les dessins qu'il fait à la maison...ou qui se met dans un état pas croyable qd il rate une bricole...
    la maitresse a même été lui dire une fois qu'il n'était pas normal parcequ'il avait tapé un enfant sans savoir pourquoi...
    faut savoir rester zen....

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  17. Merci pour cet article et tous les liens transmis...toujours d'une grande qualite.

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  18. Oui c'est vrai il y a beaucoup de choses à redire sur l'éducation nationale et le système de l'école française ! C'est vrai qu'il y a aussi des enseignants passionnés, d'autres plus fonctionnaires ... comme dans tous les métiers ( mais là c'est malheureux car on travaille non pas avec des machines ou des papiers mais avec des enfants).
    C'est vrai aussi que d'un côté on est très bridé pas l'éducation nationale, qui change sans cesse les programmes, passe d'une réforme à une autre ... et d'un autre coté on voit encore des instits donner des classements ou des notes alors que cela ne devrait plus se faire ! C'est un peu contradictoire.
    De mon point de vue d'enseignante ce qui est quand même difficile c'est que chaque parent attend quelque chose de bien spécifique pour son enfant. certains veulent des notes, d'autres non, certains veulent la pédagogie Montessori, d'autres la trouvent inutile ...
    Chaque parent veut pour son enfant un idéal mais à l'école on n'a pas qu'un seul enfant dans la classe ! Et l'école ne peut pas répondre à tous les désirs des parents.
    Comme Kenza, je suis persuadée que l'école ne peut pas tout faire.
    L'école et les parents doivent être complémentaires. Quelque soit la pédagogie quand les parents, l'enfant et l'enseignant sont dans une relation de confiance, ça se passe bien.
    Je ne veux surtout pas dire dans ce commentaire qu'il n'y a rien à changer, bien au contraire ! Mais l'école ne peut pas toujours apporter ce que le parent voudrait faire lui même ( sauf si le parent choisit par exemple d'élever ses enfants " à la façon ... " et qu'il existe des écoles où se vit cette "pédagogie" )
    C'est difficile en tant qu'enseignant de pouvoir répondre à chaque attente des parents, c'est facile quand on a la même façon de voir les choses mais quand cela va à l'encontre de ma propre pédagogie, je ne peux pas sous prétexte que c'est l'éducation que le parent souhaite pour son enfant ( je pense par exemple aux punitions, au classement ... il y a énormément de parents qui aimeraient voir cela à l'école!)
    L'école n'est pas la maison mais ça peut être pour l'enfant non pas deux choses opposées mais complémentaires avec sa continuité et ses différences.
    Une grande différence aussi à l'école à laquelle les parents ne pensent pas toujours c'est qu'à l'école l'enfant vit parmi d'autres enfants et la personne qui s'en occupe n'en a pas qu'un ou deux mais 25 ou plus...

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  19. Oui Marie Helene, je suis d'accord avec toi sur bien des points. Surtout sur la responsabilite des parents. De plus, dans mon idee de l'education publique, il ne s'agit pas de mettre en application une pedagogie plutot qu'une autre. Mais bel et bien de respecter tous les enfants et leur individualite. Meme si il n'y a pas une methode meilleure qu'une autre, meme si tous les individus sont differents, il y en a revanche des procedes qui me semblent mais surtout qui SONT plus respectueux et ethiques que d'autres. Et le constat de l'education francaise aujourd'hui est deplorable. Arretons de nous voiler la face, par patriotisme ridicule (je lis souvent que c'est pire ailleurs qu'il ne faut pas se plaindre !?!) ou par mauvaise foi (le systeme francais est elitiste et soi-disant le "meilleur au monde", c'est vraiment a revoir cette idee !! Car si les ecoles d'ingenieurs ont eu ete et sont peut etre toujours dans les meilleures, cela n'a rien a voir avec l'education globale d'un pays entier), ou encore par ideologie xenophobe (tous ces pauvres immigres qui ne savent pas parler francais, cela etant dit comme j'ai ete heureuse que le systeme educatif Neo-Zelandais ait eu pitie de mon pitoyable anglais lorsque ma fille qui ne parlait pas un mot de cette pourtant fabuleuse langue qu'est l'anglais a fait ses premiers pas a l'ecole avec toute la plus grande sympathie et les encouragements de ses enseignants devoues et tolerants !!) ou meme par lassitude citoyenne, m'enfoutisme inconcerne ou flemme devant l'idee de retrousser nos manches.

    Il y aura en effet toujours a redire. Une societe ne sera jamais parfaite. Mais cela ne doit pas empecher l'evolution, l'amelioration, la reflexion vers une societe toujours et encore plus juste.

    Lorsque tu dis : "...je pense par exemple aux punitions, au classement ... il y a énormément de parents qui aimeraient voir cela à l'école!".

    Oui tu as malheureusement raison. Je vais etre radicale ici. Je pense qu'ils font fausse route et je pense meme que c'est un "crime" que de penser ainsi et de vehiculer cette idee. Oui je suis tres radicale ici. Tanpis si je choque.

    En revanche je crois que ces parents ne sont pas a blamer. Prenons un exemple : je ne blame pas les femmes qui portent le voile (pour ne pas parler d'un autre debat) et qui sont fieres de le porter, meme si je pense que "culturellement" c'est une atteinte tres serieuse a la dignite humaine et que l'idee en soi est liberticide. Mais en revanche je blame ces hommes qui les force a le porter et qui vehiculent ces idees. Et pourtant malgre tout je respecte cette idee chez la femme volontaire, je lutterais meme (et l'ai deja fait dans la rue) pour que des femmes souhaitant le porter puisse le faire. Pour moi c'est la meme chose : considerer un enfant de cette maniere est une atteinte a sa dignite. Ces parents ont definitivement une reflexion individuelle a enclencher mais cette idee fait egalement partie d'une evolution culturelle et nous ne pouvons dissocier l'education publique de ce mechanisme ! Nou ne pouvons donc dissocier la responsabilite de l'enseignant ni son champs d'action.

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  20. Il existe un tas de peuples a travers le monde par exemple, qui pensent que l'education "francaise" n'est pas "civilisee" et qu'elle est meme "barbare" (a la maison comme a l'ecole). Nous faisons la meme chose avec le reste du monde, et leurs problemes de societes. Porquoi ne les ecoutons-nous pas ? Pourquoi n'echangeons-nous pas avec eux ? A l'ere d'internet ou l'echange est sublime !

    Comme je tente de l'exprimer dans mon article, il y a aux USA des idees geniales. Merci a Arnaud d'avoir mis le doigt sur l'une d'entres elles. Il y a le homeschooling, la formation collective, le parentage volontaire qui se dirige vers la classe communautaire, ect... Mais pas que. Il y a le reste du monde. Il y a la France aussi !


    Je crois qu'en tant que citoyens nous devont egalement nous aider les uns et les autres et nous impliquer dans "l'education" globale de la societe, meme si la reflexion et le cheminement doivent etre individuels, il est important que chacun d'entre nous fasse ce travail d'echange de liens, de pistes de reflexions. C'est a cela que servent les philosophes entre autres, pour ceux et celles qui n'en voient pas l'utilite "pratique". C'est pourtant un besoin reel que de "penser" la societe et d'essayer de la changer, surtout dans ses outils publics. L'idee est de toujours progresser.

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  21. Quelle est la responsabilite de l'enseignant ? Eduquer des enfants ? Oui. Quelle la responsabilite des parents ? Eduquer ses enfants ? Oui. Quelle la responsabilite du citoyen ? Eduquer ses semblables ? Oui. Et ce par l'echange, le debat... A la base c'est ce que sont senses representer nos votes et nos gouvernements. En tous cas ce fut le pacte de depart. Il ne fonctionne pas. En tous cas pas completement ou correctement. Ne baissons pas les bras mais reprenons cet echange, nous citoyens, ici ou ailleurs...

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  22. C'est encore "autour de Montessori", mais ce bouquin fait fureur :

    http://www.montessorimadness.com/

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  23. Cette attente différente de tous les parents par rapport à ce que je peux faire à l'école, avec leur enfant, je n'en n'ai jamais eu d'échos défavorable. Cela fait 15 ans que j'enseigne, je n'ai jamais classé mes élèves, je ne cherche pas non plus à les couper de leur milieu éducatif, mais j'essaie de les responsabiliser, de donner du sens à ce qu'ils apprennent, d'être bienveillants avec eux, je ne donne pas de punitions débiles, jamais je n'ai eu de remarque de parents, me disant qu'il fallait être plus comme ci ou moins comme ça...
    Si la pédagogie que l'on applique en place est bienveillante et vise à faire progresser et rendre heureux les enfants, aucun parent ne dira quoi que ce soit, même si nos point de vue éducatifs divergent.
    Je ne dis pas que ce que je fais est parfait, très très loin de là, car je souffre de ce système dans lequel on vit en tant qu'enseignant, j'ai souvent du mal à proposer des choses à mes élèves en adéquation avec ce que je pense, dans une école qui avance en sens inverse...
    Mon problème à moi, ce n'est pas les parents, ce n'est pas les enfants, ce sont certains de mes collègues qui me font bondir par leur manière de parler à ou des enfants, ou de leurs parents, ou des résultats ou difficultés des élèves... ça, pour moi, c'est un horrible problème....

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  24. Séverine Cadet-Letour19 mai 2010 à 13:11

    J'ai lu Coralie et cette enseignante qui mets des visages contents ou pas, et surtout les grandes croix...

    Personnellement, je mets ça aussi dans un systèmpe de notation qui peut avoir plus ou moins de répercussions sur l'enfant, d'autant plus que l'image/le dessin d'un visage ou d'une croix est hyper parlant pour les jeunes enfants, marque leur imaginaire, le teinte...

    La symbolique des croix comme ambiance limitative, d'interdit, de contrainte, est déjà fortement développée dans les dessins que les adultes et les enfants peuvent faire pensant les séances d'art-thérapie où je les reçois, mais là... ça peut se décupler dans ces conditions.

    Et puis, un visage pas content, l'enfant se dit peut-être que "la maîtresse est pas contente de moi" ? Et alors il fait ce travail pour qui : pour lui ou pour que la maîtresse soit contente et l'aime bien ?

    Ce témoignage m'invite à me renseigner encore plus en amont sur comment les enseignants "notent" les jeunes enfants que j'accompagne et accompagnerai à l'avenir !

    Je connais bien des jeunes enfants qui se mette dans tous leurs états quand il "ratent" selon eux leur dessin ou qui ne veullent plus dessiner très tôt parce qu'ils ne savent pas bien faire comme la maîtresse le leur a dit. Ca me fait toujours qlq chose...

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  25. Merci a vous Aline et Severine.

    Severine, je suis emplie d'admiration face a ce chemin que vous decidez d'emprunter. Bravo d'accepter cette reflexion et cette remise en question au sein de votre metier. Et surtout merci a vous.

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  26. @ Sand
    Oui bien sur, je suis d'accord avec toi sur beaucoup de points. C'est vrai, il est temps d'aller voir un peu ailleurs ce qui se fait dans le monde, de dépasser nos frontières ( et pas que pour l'école !!!), je sais que certaines personnes de l'éducation nationale vont voir ce qui se fait dans les autres pays, notamment ceux du nord et que jamais rien n'est acquis et que l'on peut toujours faire mieux. Mais je voulais quand même souligner les limites de la classe et que rien ne peut vraiment bien se faire s'il n'y a pas une véritable complicité entre les parents, l'enfant, l'enseignant et les différents partenaires qui sont autour de l'enfant.
    Oui je sais bien que nous avons tous un rôle mais cela fait vraiment mal au coeur et ça peut être vraiment décourageant quand tu es face à un mur de parents qui refusent tout ce que tu leur propose pour le bien être de leur enfant ( j'ai des visages qui me reviennent, je ne sais pas ce que ces enfants sont devenus ) et que tu te "bats" toute une année et que l'année d'après, tu ne peux plus rien faire !
    Mais tu as raison, il faut y croire et continuer "la lutte" !

    @ Aline
    Quelle chance tu as !
    Ayant fait pas mal d'années en CP, c'est une année qui stresse énormément les parents et ils ont tous une idée sur la façon d'apprendre à lire, entre autre ! Entre ceux qui prônent la méthode globale, syllabique, semi syllabique, ceux qui pensent qu'en CP on ne devrait faire que des maths et de la lecture car c'est l'année la plus importante pour les gens ... tout le monde a des idées préconçues sur le CP alors il fallait sans cesse expliquer et justifier ta façon de faire à toi !
    Mais c'est vrai que dans les autres niveaux il y a beaucoup moins de pression et les parents sont habitués au rythme du primaire, aux horaires, aux matières ...
    Cela dépend aussi de l'environnement dans laquelle l'école est, de sa taille ... ! Je trouvais qu'en campagne les parents faisaient plus confiances aux enseignants et à l'école; en ville ils étaient plus méfiants.
    Attention je ne veux pas généraliser non plus !
    C'est vrai aussi que lorsque tu es dans une équipe qui a la même façon de "voir" les choses, le partage dans le boulot est super enrichoissant ! Ya pas une place pour moi dans ton école !!! ;-)
    Il y a quand même eu des années plus ou moins difficiles !

    @ Séverine
    Oui il y en aurait beaucoup de choses à redire sur l'évaluation, c'est un vaste sujet.
    J'ai encore bondis hier en voyant aux infos les évaluations nationales en CE1 et CM2 !

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  27. @ Séverine
    Une question me vient à l'esprit en lisant : "Et alors il fait ce travail pour qui : pour lui ou pour que la maîtresse soit contente et l'aime bien ? "
    J'en avais parlé une fois avec un enseignant spécialisé qui disait que petit (jusqu'à environ 7 ans ), l'enfant travaillait pour faire plaisir, il ne pouvait pas se rendre compte de ce que ça lui apportait à lui ( je parle surtout des enfants qui ont des difficultés ou qui n'aiment pas travailler ), qu'en pensez vous, est ce que quelqu'un sait ce qu'il en est ?
    Il faudrait que je regarde dans mes cours de psycho voir si on en parle dans le développement de l'enfant !

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  28. Mes commentaires ne fonctionnent plus. Je viens d'updater mon systeme (linux) et j'ai de gros problemes. Je ne sais pas si ce commentaire va passer...

    Bravo a vous Aline et Severine. Severine, c'est remarquable de choisir de changer ses facons de faire et de se remettre en question. Merci donc de nous montrer votre cheminement et de pointer vos "choix" positifs comme negatifs selon vous et votre desir de les ameliorer.

    Marie, merci pour ta reponse. Je comprend ce decouragement. Il est bien normal! Mais si nous laissons tomber, toutes et tous, notre societe perdrait beaucoup.
    Mon avis sur ta derniere question : un enfant de moins de 7 ans ne fait pas son travail pour faire plaisir. Meme si oui, un enfant aime egalement faire plaisir. Un enfant de moins de 7 ans fait son travail pour la simple satisfaction de faire ce travail. Il n'a pas besoin de carotte, ni chocolat, ni de l'affection de sa mere ou de son prof en retour. Il aime juste et simplement travailler. je pense que les enfants qui agissent ainsi, qui veulent "faire" et "faire bien" uniquement pour "faire plaisir", sont en detresse. Une detresse plus ou moins grave. Tres souvent liee au manque de confiance en soi, au "besoin" d'etre apprecie, reconnu, valorise. A mon sens c'est un manque d'estime de soi qui cherche a trouver son pansement dans le regard de l'autre et surtout de l'adulte (qui lui comme nous le savons a toujours raison ;-)...

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  29. :: Marie, merci, en fait, je cherche à quitter mon école, après 9 ans, j'ai besoin de vivre autre chose, de changer de niveau, de me "remettre en danger"... et puis tu sais là où je bosse, c'est loin d'être une école où l'on réfléchit de manière active à comment changer nos pratiques pour améliorer la vie des enfants, certains cherchent plutôt à faire en sorte que les enfants changent... mais si tu habites vers Bourges, alors je serais ravie de te rencontrer!

    Je rejoins l'avis de Sand, un enfant à qui l'on permet de suivre sa croissance en favorisant ses périodes sensible, par l'environnement humain et matériel favorable qu'on aura bien su lui offrir, ne cherchera pas à faire plaisir à l'adulte. Bien sûr, les échanges bienveillants et souriant montreront que l'adulte encourage l'enfant, éprouve de l'intérêt pour son travail; mais l'enfant n'entrera pas dans cette relation : faire plaisir à tout prix.
    Ce qui fait qu'un enfant éprouve le besoin de faire plaisir c'est qu'il vit dans un système où on lui dit très souvent "c'est bien, c'est pas bien", "c'est beau, c'est pas beau", il ne cherche plus à construire sa sécurité intérieure, mais devient prisonnier, en quelque sorte, d'une relation imposée par le jugement de l'adulte... être dans la peur de ne pas réussir... chercher à exister dans le regard de l'adulte pour avoir une valeur...

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  30. @ Sand et Aline
    Merci pour vos réponses, je comprends maintenant pourquoi certains enfants demandaient sans cesse " c'est bien ce que j'ai fait ?"
    Mais je ne sais pas combien j'ai entendu de parents dire " il faut que tu travailles bien pour avoir un bon métier et gagner de l'argent" et me fusiller du regard quand je leur disais qu'un enfant , à cet âge, ne pouvait pas travailler pour ça, et qu'en plus de ne pas être forcément ma philosophie de vie, que l'enfant ne pouvait pas être dans cet espace temps !
    Aline, merci pour l'invitation, pour l'instant je suis vraiment trop loin mais dans deux ans peut être !!!

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  31. Quelle pression sur les epaules d'un enfant que de lui dire cela !

    Un enfant ne vit clairement pas dans cet espace temps et en plus je crois vraiment que c'est une mauvaise chose que de le lui dire et repeter. Un enfant a besoin de vivre le moment present et de se construire des bases solides dans sa confiance en lui. Lui presenter des idees d'echecs et de reussite sans cesse pour la suite sont terriblement eprouvantes ! Et honnetement, si ces idees recues peuvent en motiver quelques uns (et je doute ensuite du sens de la motivation de ces enfants), je pense qu'elles font plus de mal que de bien a la majorite des enfants. Ce sont des idees "preconsues" vehiculees qui conditionnent vraiment les etres de la societe d'aujourd'hui, sur leur reussite, leurs motivations financieres (le niveau du travail lie au niveau d'argent), ect, ect... Il faut vraiment comprendre qu'il est important de changer ces choses a la base si l'on veut reussir a changer les choses dans notre societe d'adultes ! Un etre conditionne depuis sa plus tendre enfance est un etre qui aura d'autant plus de difficultes a se sortir des chemins traces, homogenes et normalises !

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  32. Problème pour laisser mon commentaire ! Je tente de le couper en plusieurs partie !

    @ Marie (mais les autres aussi !): de souvenir de cours de psychologie du développement, je n'ai pas été marquée par une éventuelle notion où l'enfant avant 7 ans travaillerait pour faire plaisir à l'autre. Cela dit, il est clairement observé que quand l'adulte (parent ou enseignant) montre sa joie, son émerveillement, son intérêt pour ce que fait l'enfant, l'impact pour et sur ce dernier est positif.

    Le tout, c'est en effet de ne pas entrer dans des jugements "c'est bien/c'est pas bien" etc. Pas tjs facile de retirer ses expressions de son vocabulaire qd on a été soi-même élevé et entouré par tout ça ! L'idée est de ne pas briser l'élan créateur et le désir, l'amour d'apprendre, que porte naturellement l'enfant en lui.

    Comme en ambiance Montessori, il est question pour moi professionnellement de sentir jusqu'où mes interventions orales et celles des autres sont justes, comment moi et les autres nous exprimons avec l'enfant. Dans ma vie de maman, aussi.

    Et c'est très délicat, car parfois avec mon enfant je me demande si mon attitude ne risque pas de le rendre dépendant de mes réactions. J'ai retourné ça plusieurs fois dans ma tête ! lol lol Et j'ai réalisé que déjà rien que le fait de se demander cela constituait un garde-fou ! Cette "crainte" permet une saine vigilance à ce sujet. Et donc je me la^che les baskets, je me détends (et c'est quand même bien pour quelqu'un qui utilise aussi la relaxation dans son travail ! lol lol le comble ! lol)
    suite ci-dessous

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  33. suite :
    Je crois non naturel et non juste, voire impossible (!) de contrôler tout nos faits et gestes. J'ai vu trop de gens exploser comme une cocotte minute qui se retrouvait à me consulter après cela...

    Si je ressens de la joie à voir mon enfant explorer sa motricité et que je m'émerveille de le voir faire quelque chose de nouveau, c'est beau, non ? Je trouve ça tellement merveilleux et émouvant (pour mon coeur de maman transie d'amour ! lol) que j'ai souvent envie de lui dire. Mais en général, j'observe d'abord, j'accueille et respecte ces instants où il "travaille". Ce n'est que lorsqu'il est dans un temps où il semble avoir terminé, comme une phase de repos, d'intégration, que je lui exprime ma joie. Et il est tout sourire de me voir sourire. Je lui raconte ce que j'ai vu qu'il faisait, combien il s'entraîne fort, (qu'il s'acharne même parfois ! lol), les choses nouvelles aussi, et ma joie. Et oui il m'arrive de lui dire que je suis fière de lui et souvent il sourit à ce moment-là et je lui dit qu'il a bien raison aussi d'être fière de lui.

    En fait, j'ai réalisé à travers ma nouvelle maternité que ma manière d'être éducativement avec mon propre enfant était proche de celle que j'adoptais déjà avant avec les enfants dans la partie pédago-éducatives de mes activités professionnelles. Sauf qu'en plus je racontais aussi aux parents toutes ces belles choses. pour moi, c'est une manière de nourrir la joie indirectement dans les famille, de maintenir le lien entre les parents et l'enfant, quand bien même ils n'ont pas pu être là pour voir cela. Et je me suis rendue compte que de leur raconter cela, ces moments d'émerveillements étaient communicatifs : ces parents étaient heureux d'entendre ces morceaux de vie de leur enfant qu'ils n'avaient pas pu voir directement. Et ça peut changer bien des choses sur comment va se passer la suite de la journée pour eux et l'enfant quand il rentre chez eux...

    Ma perception des choses est la suivante : mon intuition quand je regarde un bébé c'est qu'il "travaille" déjà. Et ça, il le fait pour lui-même. C'est comme un appel de la vie, en tant qu'être humain. Je vois ça comme un programme inscrit dans chaque enfant, avec une adaptation à sa personnalité qui crée un appel à explorer, à découvrir, à grandir. D'ailleurs c'est quelque chose qui évolue au fil de sa croissance biologique, comme des rythmes synchronisés. Et tout ça s'agence avec l'environnement dans lequel l'enfant va vivre, selon comment les adultes qui veillent sur lui s'en occupent, l'approche éducative qu'ils ont.

    Quand il cherche à s'asseoir, ou à rouler sur le côté, je vois bien que mon fils ne cherche pas à me faire plaisir. je n'ai pas d'attente, je ne lui ai pas dit "bon aujourd'hui tu vas faire ça". Il le fait parce qu'il en a envie, il veut faire ça. Et d'ailleurs il veut parfois avec une telle force ! C'est ça qui fait qu'il peut rester un bon moment à s'acharner à gogoter pour faire quelque chose...quoi exactement ? parfois je ne sais même pas. C'est une partie de son appel à grandir et apprendre qui est alors mystérieux... J'ai vu ça chez beaucoup d'enfants dans mon travail, à condition qu'on laisse l'espace pour qu'il fasse ce que eux décide au sein d'un univers adapté pour eux. les enfants réagissent fort aux suggestions indirectes de l'environnement, y compris si l'enseignant où les parents a des attentes qui peuvent mettre une pression à l'enfant...

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  34. suite et fin :
    Une question sur laquelle nous travaillons souvent avec les parents c'est "comment préserver à la maison cet élan naturel d'apprendre chez l'enfant quand il n'a pas accès aux écoles alternatives ? ". Souvent, les ateliers que je fais avec leurs enfants participe à réveiller des choses dans ce sens, et les parents ont envie d'accompagner ce mouvement réenclenché dans nos séances, de le prolonger à la maison.

    Je fais de mon mieux pour "conseiller", mais je préfère souvent échanger à plusieurs familles, à l'image des discussions qui ont lieus sur ce blog. D'ailleurs, je considère ce blog comme une iniative dans ce sens de préservation de l'élan créateur et créacteur de l'enfant. :-)

    Dans le cas d'un enfant qui "n'aime pas travailler" ou plutôt qui n'aime plus travailler, on passe par un travail de restauration de cet élan en consultation et atelier. Ca peut être long... Et le soutien de l'adulte qui accompagne, des parents, et des enseignants est hyper important. J'encourage fortement les parents à m'aider à créer cette cellule d'adulte ouverte autour de l'enfant pour oeuvrer en synergie dans ce but.

    Quand c'est possible je rencontre les enseignants pour fédérer, connaître leurs points de vue, et voir si ils seraient d'accord de co-participer à cela. Et c'est vrai que je peux me retrouver à renforcer mon regard positif sur l'enfant qui a des difficultés en le lui manifestant, et en encourageant à faire de même les autres adultes avec qui il est en contacts réguliers.

    Quelque part, c'est comme si il avait besoin de "béquilles" le temps de sa "convalescence rééducative". Il se peut que pendant cette phase, le seul truc qui aide l'enfant, c'est de décider de faire son travail pour faire plaisir à l'autre, comme un moteur. Toute la subtilité réside de savoir comment doser ça afin qu'ensuite l'enfant reprenne son envol librement, sans être devenu dépendant de ça. Pour chaque enfant, la manière dont je vais tenter de l'aider à contacter à nouveau le plaisir d'apprendre et d'explorer sera différent. J'avance un peu à l'aveuglette, obligée de mobiliser mon intuition ! lol Il faut que je fasse connaissance avec l'enfant, les parents, que j'aide ces derniers à sentir un peu les choses aussi pour poursuivre à la maison si c'est leur souhait de s'investir pleinement...Et c'est pas toujours simple tout ça, et ça peu prendre du temps. Et l'issue est incertaine...

    En fait, c'est l'enfant qui prend son temps pour ça, qui va à son rythme, le meilleur pour lui (pas toujours pour les autres, les adultes ! lol). je crois qu'à un moment donné le déclic se produit, et je ne sais pas vraiment comment. D'ailleurs, le déclic peut se produire pendant nos cycles de séances, mais aussi des mois après, comme une maturation ! C'est la magie des enfants... et le mystère de tous les êtres humains quand ils dépassent leurs problématiques !

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  35. Je vois les choses vraiment comme toi Severine. J'ai meme eu l'impression de me lire par moment ! Merci pour tout cela !

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  36. Merci beaucoup Séverine pour toutes ces explications.
    Je te comprends et te rejoins quand tu dis que le déclic vient de l'enfant et que ça peut être très long avant que ça arrive ! Et ça c'est difficile en tant qu'instit, de tout faire et de ne pas voir beaucoup de progrès, on voudrait que le déclic soit presqu' instantané et que tous les enfants 'réussissent'! Mais l'espoir est de se dire que le déclic arrivera !
    Merci Séverine.

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