jeudi 29 avril 2010
Les invariants
Deux ans avant de mourir, en 1966, l'instituteur Celestin Freinet, nous laissait un heritage educatif fabuleux, a nous francais. Il s'agissait des invariants pedagogiques. Toute sa carriere durant, cet instituteur a observe les enfants. Il a pu etablir quelques invariants. Ces invariants, nous les retrouvons d'ailleurs dans la plupart des pedagogies dites alternatives.
J'ai trouve interessant de les rappeler ici.
* Invariant no 1 : L'enfant est de la même nature que nous.
* Invariant no 2 : Être plus grand ne signifie pas forcément être au-dessus des autres.
* Invariant no 3 : Le comportement scolaire d'un enfant est fonction de son état physiologique, organique et constitutionnel.
* Invariant no 4 : Nul - l'enfant pas plus que l'adulte - n'aime être commandé d'autorité.
* Invariant no 5 : Nul n'aime s'aligner, parce que s'aligner, c'est obéir passivement à un ordre extérieur.
* Invariant no 6 : Nul n'aime se voir contraint à faire un certain travail, même si ce travail ne lui déplaît pas particulièrement. C'est la contrainte qui est paralysante.
* Invariant no 7 : Chacun aime choisir son travail, même si ce choix n'est pas avantageux.
* Invariant no 8 : Nul n'aime tourner à vide, agir en robot, c'est-à-dire faire des actes, se plier à des pensées qui sont inscrites dans des mécaniques auxquelles il ne participe pas.
* Invariant no 9 : Il nous faut motiver le travail.
* Invariant no 10 : Plus de scolastique.
* Invariant 10 bis : Tout individu veut réussir. L'échec est inhibiteur, destructeur de l'allant et de l'enthousiasme.
* Invariant 10 ter : Ce n'est pas le jeu qui est naturel à l'enfant, mais le travail.
* Invariant no 11 : La voie normale de l'acquisition n'est nullement l'observation, l'explication et la démonstration, processus essentiel de l'École, mais le tâtonnement expérimental, démarche naturelle et universelle.
* Invariant no 12 : La mémoire, dont l'École fait tant de cas, n'est valable et précieuse que lorsqu'elle est vraiment au service de la vie.
* Invariant no 13 : Les acquisitions ne se font pas comme l'on croit parfois, par l'étude des règles et des lois, mais par l'expérience. Étudier d'abord ces règles et ces lois, en français, en art, en mathématiques, en sciences, c'est placer la charrue devant les bœufs.
* Invariant no 14 : L'intelligence n'est pas, comme l'enseigne la scolastique, une faculté spécifique fonctionnant comme en circuit fermé, indépendamment des autres éléments vitaux de l'individu.
* Invariant no 15 : L'École ne cultive qu'une forme abstraite d'intelligence, qui agit, hors de la réalité vivante, par le truchement de mots et d'idées fixées par la mémoire.
* Invariant no 16 : L'enfant n'aime pas écouter une leçon ex cathedra.
* Invariant no 17 : L'enfant ne se fatigue pas à faire un travail qui est dans la ligne de sa vie, qui lui est pour ainsi dire fonctionnel.
* Invariant no 18 : Personne, ni enfant ni adulte, n'aime le contrôle et la sanction qui sont toujours considérés comme une atteinte à sa dignité, surtout lorsqu'ils s'exercent en public.
* Invariant no 19 : Les notes et les classements sont toujours une erreur.
* Invariant no 20 : Parlez le moins possible.
* Invariant no 21 : L'enfant n'aime pas le travail de troupeau auquel l'individu doit se plier comme un robot. Il aime le travail individuel ou le travail d'équipe au sein d'une communauté coopérative.
* Invariant no 22 : L'ordre et la discipline sont nécessaires en classe.
* Invariant no 23 : Les punitions sont toujours une erreur. Elles sont humiliantes pour tous et n'aboutissent jamais au but recherché. Elles sont tout au plus un pis-aller.
* Invariant no 24 : La vie nouvelle de l'École suppose la coopération scolaire, c'est-à-dire la gestion par les usagers, l'éducateur compris, de la vie et du travail scolaire.
* Invariant no 25 : La surcharge des classes est toujours une erreur pédagogique.
* Invariant no 26 : La conception actuelle des grands ensembles scolaires aboutit à l'anonymat des maîtres et des élèves; elle est, de ce fait, toujours une erreur et une entrave.
* Invariant no 27 : On prépare la démocratie de demain par la démocratie à l'École. Un régime autoritaire à l'École ne saurait être formateur de citoyens démocrates.
* Invariant no 28 : On ne peut éduquer que dans la dignité. Respecter les enfants, ceux-ci devant respecter leurs maîtres est une des premières conditions de la rénovation de l'École.
* Invariant no 29 : L'opposition de la réaction pédagogique, élément de la réaction sociale et politique est aussi un invariant avec lequel nous aurons, hélas! à compter sans que nous puissions nous-mêmes l'éviter ou le corriger.
* Invariant no 30 : Il y a un invariant aussi qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action : c'est l'optimiste espoir en la vie.
Célestin Freinet, Œuvres pédagogiques, Seuil, 1994. Tome 2 : Les invariants pédagogiques (1964). Texte autorise via http://www.freinet.org/pef/invari_f.htm et Wikipedia.
Il y a des hommes et des femmes qui ont passe leur vie a essayer de faire en sorte que celles des autres soient plus riches, plus belles, plus heureuses. Ces hommes et ces femmes nous ont legue un patrimoine sublime. Ces hommes et ses femmes avaient l'espoir d'un avenir digne pour l'Homme.
Pourquoi ne les ecoutons-nous pas ?
mercredi 28 avril 2010
References (2)
Book
And a training course transcript (from 1933):
Lecture
Textes autorises a la libre diffusion.
Pour aller plus loin
Note aux lecteurs. N'hesitez pas a diffuser autour de vous tous les materiaux qui sont presentes sur ce blog, que ce soient les videos, les textes, les commentaires ou les images des lors qu'ils sont autorises.
jeudi 22 avril 2010
La question de la fessée
De plus, l'une de nos lectrices nous a egalement pose cette question interessante qui meritait bien plus qu'une reponse en commentaire : “Vous aviez évoqué la question de la punition, c'était également intéressant, j'aimerais beaucoup en savoir plus sur les rapports d'autorité, de guidage, le positionnement parents/enfants, les réactions face à la colère de son enfant, ou à son agressivité par exemple”.
Je vais tenter d'orienter la discussion en debat d'idees par la suite, via les commentaires, mais je vais tout de meme faire etat ici de mon point de vue personnel sur cette question de l'emploi de la fessee sur un enfant.
Je crois tout simplement que l'emploi de toute violence, qu'elle soit physique ou verbale, pour toute raison et dans toute situation que ce soit, d'un faible ou d'un fort niveau d'intensite, a l'encontre de n'importe quel enfant, est immorale.
L'enfant est un etre qui doit tout apprendre de la vie. C'est un etre qui cherche a poser des limites autour de lui et dans le monde qui l'entoure. Il doit apprendre a respecter l'autre, mais aussi a se respecter lui-meme.
Je crois sans fin que l'enfant est capable de poser ces limites par lui-meme, a la simple et pourtant facile condition qu'il soit guide, qu'on lui montre le chemin du respect mutuel et l'exemple, qu'on lui explique pourquoi un geste est “mauvais” alors qu'un autre est “bon”. Il lui faut donc comprendre les notions de “mal” et de “bien”. Et pour les comprendre, pour bien les definir, il a besoin de les vivre. Comme un scientifique a besoin de verifier ses theories par l'experience pour les valider, l'enfant a besoin de verifier par lui meme ces limites et ces notions a travers ses actes. L'experience de la vie est individuelle et non pas universelle.
Comme pour tout apprentissage, que ce soit celui de la proprete, du partage, de la connaissance, de la vie en communaute, l'enfant a besoin de repeter et encore repeter une action, un geste, pour se conforter dans son “idee” qu'il a de la chose face a la reaction qu'il entraine, qu'elle vienne de la personne en face de lui ou de l'outil qu'il manipule.
Il est donc normal – dans le processus - qu'un enfant qui tape un autre enfant, ou l'un de ses parents par exemple, reproduise cette experience plusieurs fois, jusqu'a ce qu'il ait “conscience” de son geste et des implications de ce geste. L'adulte est donc present a ce moment pour lui expliquer calmement que son geste a fait mal, que la violence n'est pas tolerable par celui qui a ete violente. Si en revanche l'adulte repond par une tape, une gifle ou meme une fessee, tout ce rapport de confiance que l'enfant entretient avec ses propres idees, toutes ces notions pourtant evidentes et fondamentales s'ecroulent dans l'esprit de l'enfant, il perd alors ses reperes, sa logique est ebranlee. Il va lui falloir faire preuve d'encore plus de bonne volonte, d'efforts, pour parvenir a comprendre pourquoi il est “interdit” de frapper mais pourquoi celui qui est en face, l'adulte, le fait sans le moindre probleme et pourquoi cela semble “legitime”. L'enfant vit un paradoxe. Et c'est un paradoxe de taille a mon sens, qui regira ensuite beaucoup des emotions que l'enfant une fois devenu adulte aura a gerer avec ses semblables dans la societe.
A ce stade, la confiance de l'enfant en lui-meme se retrouve egalement mise a mal. L'adulte n'est pas son semblable, mais un etre superieur a lui. Il commence a ressentir une injustice. Et la, c'est une porte ouverte a tout un tas de mechanismes qui devraient sembler evidents...
Je crois que la fessee est une reponse erronee et qu'elle entretient reellement des differences d'appreciation entre les hommes. Un enfant n'est nullement inferieur a un adulte. Il est simplement un adulte en devenir. L'enfant ne doit a l'adulte ni soumission, ni obeissance. Il lui doit en revanche respect et gratitude.
L'education est une philosophie, qui doit etre coherente dans son ensemble. Si elle ne l'est pas, des espaces blancs ou vides se forment entre les “idees” que l'enfant construit. En revanche, si son education est un ensemble logique, au fonctionnement presque mathematique, alors ces espaces blancs ne se forment pas et l'enfant assimile d'autant plus vite ces notions fondamentales qui compose le monde qui l'entoure. Maria Montessori a fait un travail de recherche remarquable en ce sens.
Pour ce qui est de ma propre facon d'envisager les choses avec mes propres enfants, qui me semble-t-il sont des etres respectueux, sans violence aucune, ni la moindre agressivite a l'heure d'aujourd'hui, est que je les considere comme des etres, des individus a part entiere. Il y a peu de limites vraiment imposees dans notre maison. Nous laissons enormement nos enfants apprendre d'eux meme. Les accidents de la vie ne sont jamais reprimandes. Je ne crie pas non plus. Je prend le temps autant que possible de m'agenouiller a la hauteur de l'enfant, de lui expliquer calmement la situation. Si l'enfant est en crise, ce qui se produit assez rarement chez nous, je le laisse faire et l'isole pour qu'il ne derange pas les autres tout en etant sure qu'il ne risque rien et qu'il ne peut pas se faire mal. J'utilise tres souvent un endroit neutre de la maison pour se faire. L'enfant s'assoit sur le sol, il doit reflechir a ce qui vient de se passer. Une fois qu'il est calme, il revient de lui meme et nous en discutons. Je n'ai jamais frappe l'un de mes enfants, ni meme donne une tape sur la main.
Il m'arrive d'avoir mes moments de fatigue et d'impatience, il m'arrive de deraper et de gronder en haussant le ton parfois, je vais a contre-courant de ma propre education, ce n'est pas toujours evident j'en suis consciente, et ce, meme si c'est de plus en plus rare pour ma part. Mais dans ce cas-la je m'excuse. Je fais comprendre a mes enfants que c'etait une erreur, que je n'aurais pas du m'enerver. Ils le comprennent parfaitement, car dans leur esprit, le bien et le mal est clair, limpide et ces notions sont partagees par leurs parents, il n'y a pas de legitimisations de cette notion de "mal", qui seraient dues a l'age, la taille ou encore l'experience. Nous sommes tous des etres egaux.
Pour finir, je suis la premiere a critiquer les livres de Claude Halmos et les arguments partisans de la fessee, en revanche je ne partage pas du tout l'idee que "la fessée soit purement et simplement bannie de France" comme la pediatre et deputee UMP, Edwige Antier, qui a depose en novembre 2009 une proposition de loi pour la faire interdire. Meme si je pense que la France a un serieux train de retard sur sa facon d'aborder certaines questions de societe, je crois que la bonne evolution de l'humanite reside dans le fait que la prise de conscience doit etre individuelle, reflechie et avisee, mais surtout l'aboutissement d'une reflexion personnelle dans le but de s'ameliorer, en tant que parent, mais egalement en tant que personne, individu et etre humain. Car c'est du simple bon sens, finalement, cette question de la fessee.
lundi 19 avril 2010
Apprendre .... en trois temps
Pour résumer de façon très simple la pédagogie de Maria Montessori, tout nouvel apprentissage peut se faire en 3 temps et ce quel que soit le concept, la chose qu'on apprend et l'âge de l'enfant.
Par exemple un petit enfant qui apprend les couleurs :
1er temps : " c'est "
En lui mettant son pull le matin et en lui montrant on peut lui dire " c'est bleu"
Cette première étape de découverte, où l'on nomme, où l’on associe le nom à l’objet, au concept se refait plusieurs fois, la répétition est nécessaire à l’apprentissage.
2ème temps : " montre-moi "
Parmi plusieurs couleurs, demander à l'enfant de montrer le bleu.
Il consolide ses acquis, il doit choisir parmi plusieurs possibilités.
S’il se trompe en montrant une mauvaise couleur, ne pas dire « tu t’es trompé mais renommer cette couleur : ça c’est le rouge, montre moi ou donne moi le bleu »
3ème temps : " qu'est ce que c 'est "
On lui montre une couleur et on demande à l'enfant de la nommer.
C'est la phase où l'on vérifie que l'enfant a bien intégré le nouveau concept.
Ces trois étapes ne se font pas, bien sûr, en une seule fois et peuvent demander beaucoup de temps et de répétitions !
Ce qui est intéressant avec ces trois temps à la maison c’est que l’on n’a pas besoin de matériel spécifique pour apprendre (les habits, les objets de la maison, les livres, les jeux … nous apprennent plein de choses !)
J'ai résumé très brièvement mais cela fonctionne aussi bien à la maison qu'à l'école qu'ailleurs...
Et pour beaucoup de choses.
Ex " c'est un verbe, c'est lourd, c'est mou, c'est un carré, c'est un chêne, c’est un insecte ...."
samedi 17 avril 2010
Asanas et pranayama pour les moins de 8 ans
- Devenir un arbre : en solo L’enfant débute l’asana en feuille pliée (ou posture de l’enfant) qui représente la petite graine. L’enseignant décrit la pluie qui arrive et arrose la graine, le soleil revient et grâce à sa lumière la petite graine déploie ses racines dans la terre et commence à grandir. L’enfant se déroule et s’étire vers le ciel et ouvrant ses bras qui forment les grandes et larges branches de l’arbre.
- Le lotus en floraison : en groupe Les enfants sont assis en cercle, leurs pieds pointant vers le centre, les mains en prière. C’est la nuit, la fleur dort, alors tout doucement, ils rapprochent leurs têtes des genoux comme dans paschimottanasana mais conservant leurs mains tenues ; puis le jour se lève et la fleur va commencer à s’ouvrir. En premier, ils reviennent en position assise puis soulèvent leurs bras et viennent s’allonger sur le dos ; ils soulèvent très doucement une jambe, puis l’autre, pour au final apporter les deux derrière la tête et se retrouver dans la posture d’Halasana. La fleur est totalement ouverte ; la nuit revient et la fleur va de nouveau se refermer.
- en duo : Un enfant fait le chien tête en bas ou le pont et l’autre est un serpent qui rampe en dessous.
- La respiration abdominale sera naturellement ample et profonde. Laisser l’enfant découvrir son propre rythme sans lui imposer de compte ; lui déposer sur le ventre un petit bateau en papier qu’il aura au préalable fabriqué, et le laisser observer le mouvement que provoque sa respiration sur le bateau : à l’inspire lorsque le ventre se gonfle, une vague se crée et le bateau se soulève et lorsqu’il expire, la vague baisse, le bateau descend. Il y a un véritable lien de cause à effet, l’enfant développe la conscience de l’abdomen et de sa respiration abdominale jusqu’à présent inconsciente alors qu’elle est naturelle et spontanée.
- Bhramari pranayama : Afin d’encourager une profonde inspiration, l’enfant doit au préalable avoir expiré entièrement. C’est le principe de la bouteille que l’on ne peut remplir que si elle a été au préalable vidée. Avec Bhramari, on demande à l’enfant de bourdonner aussi longtemps que possible sans reprendre sa respiration, cela encourage donc ensuite de profondes inspirations. Les enfants apprécient beaucoup cette respiration car ils adorent créer des sons, et en pratiquant tous ensemble, cela crée une sorte de chant. Mon fils de vingt mois adore le faire et dès qu’il entend le mot abeille, il se met à bourdonner.
- Développer l’inspiration: l’exercice de l’escalier. Il s’agit d’imaginer vouloir monter un escalier garce à son inspiration. Monter le long de la marche, garder l’air, monter sur la deuxième marche en inspirant un peu plus, garder l’air, puis la troisième et ainsi de suite jusqu’à avoir rempli tout son espace respiratoire et gravi toutes les marches, puis expirer profondément en descendant par un ascenseur. Cet exercice peut se faire également dans l’autre sens pour développer l’expiration ; dans ce cas, on monte son inspire par l’ascenseur et on expire graduellement en descendant chaque marche. Après une certaine pratique, l’enfant réalise qu’il y a une coupure, une pause entre l’inspiration et l’expiration.
- Nettoyage et conscience du nez : En yoga, on respire toujours par les deux narines. Il est important d’avoir une bonne hygiène du nez en apprenant à le nettoyer dès le plus jeune âge. Traditionnellement, on utilise un lota (récipient en forme de théière) dans lequel on met de l’eau salée (37°), on penche sa tête et l’on place le bec verseur dans l’une des narines en veillant à ouvrir la bouche légèrement ; l’eau s’écoulera par l’autre narine ; à faire des deux côtés. Pour faire sécher le nez, faire le lapin, c’est-à-dire « rider » le nez et souffler la bouche fermée pour chasser l’eau.
- Enfin, on peut conclure tous ensemble, assis en cercle en se donnant la main, une face vers le ciel, une vers le sol, ainsi les mains sont en contact avec celles de son voisin. Cette technique a pour but d’apprendre à concentrer son esprit sur le souffle qui parcourt le cercle d’une main à l’autre et ressentir l’énergie, le prana qui circule comme un courant électrique d’une main à l’autre. L’enfant inspire dans la paume de la main gauche et expire dans celle de droite.
vendredi 16 avril 2010
Vie pratique
Pour tous les parents qui n'ont pas la possibilité de permettre l'accès à une école différente à leur enfant, beaucoup de choses peuvent être faites à la maison, et cela dès la naissance du bébé. Eve nous en donne de très très beaux exemples sur son blog.
« Une vie réelle se déroule à la maison des enfants où les tâches domestiques sont confiées aux petits ; ils s’en acquittent avec ardeur et dignité. […] Tous les objets les invitent à agir, à accomplir un travail vrai, réel, facile à atteindre. » Maria Montessori, Pédagogie scientifique, T1
Caractéristiques des exercices
Dans l’ambiance, l’enfant pourra exercer des activités liées à sa vie quotidienne, adaptées à son environnement. Il effectuera ainsi dès son arrivée à la Maison des enfants des activités simples, qui seront pour lui de véritables activités créatrices. Quand l’enfant entreprend un exercice de vie pratique, il s’engage entièrement dans l’activité, aussi bien physiquement par la manipulation, que psychiquement de par l’attention et la précision qu’elle nécessite.Ces exercices ont une fonction d’adaptation et d’orientation : ils vont en outre permettre à l’enfant de s’approprier les gestes et actions propres à son environnement et à sa culture et de trouver ainsi sa propre place dans la société à laquelle il appartient.C’est pourquoi les exercices de vie pratique diffèrent dans les Maisons des enfants, selon les écoles, les régions, les pays.
La coordination des mouvements
À travers ces exercices de vie pratique, l’enfant s’engage dans le mouvement, plus particulièrement grâce au travail de la main : il va ainsi coordonner, raffiner, perfectionner ses mouvements.À travers ses diverses manipulations, l’enfant construit son intelligence par son engagement corporel dans une activité structurée avec un but défini : son mouvement est « intelligent ».
Le développement et l’acquisition de l’indépendance
Ce matériel constitue une aide à la conquête d’actes utiles, un facteur d’indépendance : l’enfant manipule un matériel qui lui permettra d’agir de manière autonome dans son environnement.
Le développement de la concentration par la répétition de l’exercice
En s’engageant dans l’activité, l’enfant éprouve le besoin de répéter un grand nombre de fois un même exercice. À travers cette répétition, l’enfant accède à la concentration, qui est le chemin le plus important qu’il devra trouver, le menant ainsi vers un état que l'on peut qualifier de spirituel . La concentration permet d’accéder à la conscience d’être, nourrissant ainsi le corps et l’esprit.
La construction de l’esprit logique
Certains exercices, de par leur complexité et la nécessité de l’enchaînement de plusieurs actions différentes, participent à la construction de l’esprit logique de l’enfant. Ils sont une préparation indirecte à l’éducation sensorielle, à l’écriture, à la lecture, aux mathématiques, etc…En ce sens, le matériel utilisé est ici un véritable matériel de développement car il est une réponse adaptée aux périodes sensibles de l’enfant.
Pourquoi proposer un exercice de vie pratique à un enfant?
Ces exercices doivent permettre à l’enfant d’entrer dans l’activité, et cela de manière ordonnée. Ils favorisent chez l’enfant l’accès à la confiance et à l’estime de soi, en permettant ainsi le cheminement vers la « perfection » et vers la construction intérieure.
Comment présenter ce matériel à un enfant ?
L’enfant absorbe les mouvements qui lui sont présentés. La présentation repose sur deux éléments essentiels :
l’analyse des mouvements : chaque acte accompli se décompose en des temps successifs bien distincts. Il s’agit donc de reconnaître et d’exécuter exactement et séparément ces gestes successifs. Il faudra en outre veiller à effectuer des mouvements lents qui permettront de capter l’attention de l’enfant.
l’économie de mouvements : elle va de pair avec l’analyse, il s’agira d’épurer les mouvements de tout ce qui peut être superflu, afin de permettre de présenter à l’enfant des mouvements harmonieux.
« L’activité commence et se termine à l’étagère » : après avoir proposé une activité à un enfant, l’accompagner à l’étagère afin de lui montrer l’emplacement du matériel. Quand l’activité est terminée, lui montrer comment ranger le matériel et se rendre avec lui à l’étagère afin qu’il puisse poser le matériel à sa place. L’encourager à refaire cette activité quand il le souhaitera.
La manipulation du matériel par l’enfant
Quand on a présenté un matériel à un enfant, il ne faut pas attendre qu ‘il refasse l’activité telle qu’on lui a présentée. S’il réussit cela signifie qu’il a tout construit, il s’agit donc de présenter un autre matériel. L’enfant s’approprie le matériel en le manipulant. À force de répétition et de concentration, il le fera d’une manière plus structurée et ordonnée.
Ce n’est pas le résultat qui est important, c’est tout ce que l’enfant va construire en lui par cette manipulation. De l’imperfection du début, naîtra le raffinement, le perfectionnement de l’enfant.
Caractéristiques du matériel
Le matériel doit être adapté à la taille et à la force de l’enfant.
Il doit être constitué d’objets véritables et non pas de jouets.
Ce matériel doit être esthétique, attrayant, constituant ainsi un appel à l’activité.
Les objets doivent être cassables, ils sont ainsi dénonciateurs de l’erreur de l’enfant.
Chaque matériel est en un exemplaire unique.
Poésie à l'école !
Le hareng saur
Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.
Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle - gros, gros, gros.
Alors il monte à l'échelle - haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu - toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc - nu, nu, nu.
Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec.
Il redescend de l'échelle - haute, haute, haute,
L'emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s'en va ailleurs - loin, loin, loin.
Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue,
Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours.
J'ai composé cette histoire - simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves,
Et amuser les enfants - petits, petits, petits.
Charles CROS (1842-1888). Diffusion autorisee http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Hareng_saur Licence CC.
jeudi 15 avril 2010
Mathématiques
Le matériel Montessori de mathématiques proposé aux enfants entre 3 et 6 ans dans les maisons des enfants est un matériel qui devrait trouver sa place dans toutes les écoles maternelles.
Grâce à ses observations méthodiques et scientifiques, Maria Montessori acquis de nombreuses connaissances sur la croissance et les comportements de l’enfant, notamment celle que toutes ses activités étaient motivées par les lois de la nature, permettant le développement des tendances humaines.
Shannon Helfrich, dans son article « The Mathematical Mind », paru dans AMI Communications 2002/1, énonce que l’on parle souvent de l’explosion de l’écriture et de la lecture dans une ambiance Montessori. Mais elle pense que ce phénomène n’est pas aussi facilement reconnu quand on parle des mathématiques.Pourtant, pour Maria Montessori, la manifestation de tous ces phénomènes suit une progression similaire :
-préparation indirecte
-formation inconsciente de la connaissance (par le vécu, l’expérience)
-éveil de la connaissance, accompagné de la possibilité de l’application des connaissance acquises
Dès le début de sa vie, l’enfant absorbe des impressions et les enregistre grâce au travail de l’esprit absorbant. Mais il n’est pas suffisant de percevoir et de mémoriser ces impressions. L’enfant doit utiliser ces informations afin de construire son intelligence : son esprit va commencer par discerner les éléments, puis faire des connections en trouvant des similarités et des différences. Le langage va aider à la classification selon des catégories, par la création de concepts. En cela, l’enfant accède à l’abstraction.L’esprit mathématique est donc la capacité qu’a l’enfant d’organiser, classifier, sérier quantifier son vécu.
Bien avant l’utilisation du matériel de mathématiques, l’enfant acquiert des connaissances mathématiques informelles, en développant son esprit logique.
La période sensible de l’ordre va assister l’enfant dans ce processus. Tout le matériel proposé dans une ambiance Montessori permet à l'enfant d'aider l'enfant à développer son esprit logique.
Le matériel de vie pratique nécessite, en particulier pour les activités complexes, des gestes précis et ordonnés, qui auront été acquis préalablement par l’enfant, qui seront réorganisés en une séquence logique.
Le matériel sensoriel va permettre à l’enfant de classifier ses sensations et de pouvoir effectuer des appariements et des gradations. Il va être capable d’extraire l’essentiel du grand nombre d’informations sensorielles reçues et de le conceptualiser. Il va ainsi intégrer des concepts clairs lui permettant de reconnaître ces sensations dans son monde environnant et donc d’accéder à la généralisation et à l’abstraction.
Grâce à ses acquisitions, il va pouvoir effectuer des connections entre les différentes connaissances acquises et ses propres besoins. On peut donner l’exemple des similitudes que l’enfant éprouvera par la manipulation et l’exploration des divers matériels sensoriels : la tour rose et l’escalier marron, les emboîtements cylindriques et les cylindres de couleur, le cabinet de géométrie et les triangles constructeurs.
L’enfant possède ainsi une capacité à percevoir et faire correspondre des quantités avant même de savoir compter :
l’enfant expérimente chaque jour les quantités : il compte les enfants absents, présents, le nombre de jours dans le mois, le nombre d’assiettes pour le repas, etc…
il a un vécu corporel du système décimal (10 doigts, 10 orteils), il a également une expérience de la quantité 10 grâce au matériel sensoriel : 10 cubes de la tour rose, 10 barres rouges, 10 emboîtements cylindriques, etc…
Avec toute cette préparation indirecte, l’enfant va pouvoir ensuite poursuivre ses découvertes avec le matériel de mathématiques, qui va contribuer à poursuivre la construction de son intelligence. Permettre au jeune enfant de découvrir de manière sensorielle, juste et approfondie des concepts mathématiques, c'est lui permettre de donner du sens à ses apprentissages et de le rendre autonome dans ses raisonnements.
mercredi 14 avril 2010
Ambiance Waldorf
Dans un coin, la table des saisons, animée par des petits êtres élémentaires (simples mais jamais dans la caricature) : des fleurs, des graines, de belles images...pour exprimer le temps qui passe mais qui revient aussi de façon rythmique.
Les premières poupées : un bout de tissu de couleur uni, une tête (boule de laine), quelques noeuds...
Le coin jeu : des étagères recouvertes de tissus colorés.
Les jeux d'imitation s'affinent, les personnages et les animaux grâce aux histoires racontées prennent vie. L'enfant se construit un monde qui lui correspond. Il peut passer des heures, des jours, des semaines à faire vivre des aventures à ses jouets en bois. Au début on l'accompagne en lui offrant des tissus, des morceaux de bois....on invente des péripéties, et puis un jour l'imagination et la créativité s'installent et tout une vie défile sous nos yeux.
La poupée.
Quand on quitte le jardin d'enfants, une maison de poupée reçoit les créations personnelles : de petits tapis, des nappes brodées, des rideaux, des couvertures tricotées pour les petits lits. Le geste devient précis, le mouvement est retenu, place à la miniature .
Un château pour vivre les contes de Grimm, l'histoire médiévale, devenir un prince ou un roi qui gouverne de façon harmonieuse son royaume.
mardi 13 avril 2010
Montessori a la maison
Mes enfants n'ont pas specialement de materiaux montessoriens (jeux/activites) a la maison, puisqu'ils frequentent tous deux une ecole Montessori, d'autant plus que ces materiaux sont extremements chers.
J'ai donc pris le parti d'adapter l'espace de notre vie de maniere a ce qu'il convienne le plus possible a nos enfants en terme d'accessibilite et de visibilite. La plupart de leurs activites et jeux sont de grandes qualites, en bois principalement, a but educatif ou de simple divertissement.
Les enfants sont impliques dans la vie de tous les jours. Ils participent aux taches menageres, allant de la lessive, au menage, aux repas... Mais surtout ils apprennent l'autonomie des leur plus jeune age. Ils s'occupent d'eux meme pour absolument tout ce dont ils sont capables physiquement de faire, comme se laver, s'habiller, se nourrir, aller aux toilettes, se coucher, ranger leurs affaires, nettoyer derriere eux, ect.
Il est important pour l'enfant que les activites soient accessibles physiquement comme visuellement. Il est ainsi a meme de faire des choix qui entraine le mecanisme de la decision. Il reflechit a ce qu'il veut faire, puis fait. Il est important que l'enfant choisisse une activite a la fois et qu'il la range avant de passer a la suivante. Mes enfants partagent une petite chambre. J'ai donc organise une grande etagere murale compartimentee avec les activites du petit en bas et les activites de la grande en haut.
Pour ce faire, il est important qu'ils puissent s'installer confortablement, soit sur le sol (moquette ou tapis) soit sur une petite table a sa hauteur. Ainsi ils vont apprendre a respecter leurs affaires, a en prendre soin.
La presence d'un miroir dans la piece est tres importante. L'enfant apprend a se connaitre, mais egalement a prendre soin de lui meme. C'est un element egalement fondamental pour la coordination. L'enfant s'observe. Cela peut paraitre surprenant, mais il apprend beaucoup des observations qu'il fait de lui meme.
Jules a dormi sur un lit Montessorien de 10 mois jusqu'a l'age de 18 mois (un matelas a meme le sol). Depuis il dort dans un grand lit (lits superposes qu'il partage avec sa soeur).
Il est egalement interessant de classer les jouets et les activites. Par exemple, on peut avoir un espace de lecture, un autre de musique, un autre de coordination (toupies...), ect. L'enfant se structure mentalement, il fait ainsi des associations. C'est aussi l'occasion de lui offrir un univers rassurant et reconfortant, dans lequel il ne se sent pas perdu, qu'il est simple pour lui de ranger.
La chambre peut etre decoree. C'est meme important que l'environnement soit propre, clair et beau. Si l'on souhaite utiliser des cadres et des tableaux il est evident que ceux ci se trouvent dans le champs de vision de l'enfant, a sa hauteur d'oeil ou a peine plus haut, sinon l'enfant ne le remarquera pas ou n'en profitera pas.
L'utilisation des coffres est a eviter. Je sais qu'ils sont pratique lorsque l'on a pas beaucoup de place, mais ils ne doivent surtout pas etre un fourre tout. Mes enfants ont un vieux coffre en bois que j'avais deniche en Nouvelle Zelande et que j'aime beaucoup, il sert a ranger uniquement les deguisements. On peut utiliser des compartiments a condition que les jouets soient bien tries. Par exemple pour les legos, les cubes, ect.
Leurs habits doivent etre accessibles. L'enfant doit pouvoir choisir ses habits et s'habiller de lui meme. Tous les matins, Jules choisi sa culotte, son short et son T-shirt. Il s'habille ensuite tranquillement et m'appelle si il a besoin d'aide. Il doit etre en mesure de se changer lui meme si il se salit. Il doit pouvoir atteindre les toilettes ou le pot, puis se laver les mains par lui meme.
La maison ne doit pas ressembler a une maison des enfants pour autant. En revanche elle doit laisser l'enfant pouvoir evoluer comme bon lui semble. Il doit etre en mesure de se mettre un tablier pour s'occuper du repas, de la vaisselle, ect. et surtout d'acceder au plan de travail comme de l'evier. Il doit pouvoir se servir un verre d'eau durant la journee si il a soif, acceder aux fruits si il a un creux, ect. Et ce meme a 20 mois.
Il est egalement important que l'enfant realise du fruit de ses efforts, comme celui du jardinage. Evidement, il va vouloir jouer avec la terre et il va en mettre partout. A force de repetitions, l'enfant va devenir de plus en plus habile avec ses mains, en s'appliquant et se concentrant. Il est egalement intelligent de laisser a portee de lui une petite pelle et une balayette pour qu'il puisse nettoyer les saletes qu'il peut commettre.
Par exemple, Jules aimait arracher la tete des fleurs. Petit a petit il a appris a en prendre soin. Il les arrose et vaporise de l'eau sur les feuilles. Il le fait de lui meme, tous les soirs. Il admire les fleurs sans les toucher.
Un enfant n'est certainement pas une aide menagere. Mais un petit etre qui se construit vers l'autonomie, l'independance. Lorsque Jules lave les vitres, il va recommencer et encore recommencer : son geste va se preciser, s'elargir, s'etendre. Il s'applique, eprouve du plaisir a faire par lui meme.
Lorsqu'il met le linge dans la machine, il va le ressortir puis le remettre, parfois plusieurs fois d'affilees. C'est un mecanisme extremement sain et constructif. Depuis quelques temps il ne ressort plus le linge de la machine, il est content avec l'idee de le faire dans ce seul but. Il choisit le programme et observe le tambour se mettre a tourner, puis referme la porte de la buanderie derriere lui.
Il est bien d'encourager un enfant, mais il est inutile de le feliciter sans cesse. L'enfant est satisfait et est ravi par le simple fait d'avoir realise quelque chose par lui meme. La demarche comme l'action sont naturelles et doivent le rester.
Il est tellement riche et interessant pour l'enfant de faire les choses, meme si pour nous elles peuvent nous sembler vaines et repetitives, elles sont pourtant terriblement utiles pour l'enfant. Il construit toute son autonomie et sa confiance en lui sur ces experiences. Ne les negligeons donc pas. Offrons leur ces simples experiences de la vie.
vendredi 9 avril 2010
Conférence
"Demain l'école" organise le 5 mai prochain à la Mairie du 2ème arrondissement de Paris, de 13h à 20h, une après-midi de conférences-débats autour du thème suivant :
samedi 3 avril 2010
Connecter nos enfants à la vie
J’entends parfois dire que tel enfant est trop petit pour apprécier la visite d’un jardin, d’un musée ou un concert classique par exemple, qu’il « ne profitera pas ». Pourtant, dans ce musée, dans ce parc, au concert, il aura son propre chemin de lecture des choses. Dans ce jardin, même s’il n’assimile pas les techniques de plantation, ce qu’on ne lui demande pas (d’ailleurs on ne lui demande rien), il observera peut-être une coccinelle, pourra transvaser de la terre dans son seau, jouera avec le copain qui sera là, ramassera les coquilles d’escargots ou jouera avec un bâton ou écoutera les adultes parler, les observera bêcher, arroser, voudra même peut-être participer. Il vivra ces moments plus intensément encore. Il s’en construira. Que d’expériences enrichissantes pour lui ! On lui coupe l’herbe sous le pied lui qui grandit justement, qui a envie et qui exprime son besoin de découvrir le monde. Les adultes ont parfois peur d’être dérangés et pour cela rangent les enfants dans un coin. Je relis ce que Janus KORCZAK a écrit dans Comment aimer un enfant :
« Quand enfin, ce demain tant attendu arrive, nous pensons déjà à la prochaine étape. Ainsi l’enfant n'est pas, mais sera ; ne sait pas, mais saura ; ne peut pas, mais pourra. »
« C'est la moitié de l’humanité que nous condamnons à la non-existence : sa vie n'est pour nous qu'un jeu, ses aspirations, naïves ; ses sentiments, passagers ; ses opinions, dérisoires. »
L’adulte ne réduirait-il pas les compétences, les aspirations des enfants donc les enfants dans leur être même ? Pourquoi ? Manque de confiance en eux (les enfants ou eux les adultes ) ? Reproduction de ce qu’ils ont vécu ? « Tu es trop petit pour ça ». Manque d’investissement ou de considération de l’enfant ?
Alors, sous ces prétextes, on devrait cantonner l’enfant à colorier des bonhommes sans dépasser et surtout en ne laissant pas de blanc sur la feuille, à (ne) regarder (que) des dessins animés, à avoir entre les mains des livres de bébé, à l’écarter tout simplement de la vraie vie, du monde des adultes qui est pourtant le leur aussi. Je pense à ces femmes des tribus dites primitives qui emmènent leurs enfants partout et à notre société qui s’étonne avec joie qu’un petit bout de 4 ans puisse se débrouiller aussi bien; paradoxe de l'homme moderne qui a perdu quelque part sa cohérence, qui a oublié l'enfant qu'il a été, son besoin de boire le monde et qui semble ne pas entendre son propore enfant crier sa soif.
vendredi 2 avril 2010
Publications Montessori
* Grace & Courtesy
* Walking on the line
* The silence game and beyond
* Imagine that !