Photo par Glue sky(c) denichee sur ce
blog.
J'ai fait un petit tour des blogs et des sites lies au
monde des enfants la semaine derniere. Quelle agreable surprise ! J'ai decouvert qu'une reelle dynamique etait presente dans de nombreux foyers, vers l'autonomie de l'enfant d'une part et qu'il existe un reel interet pour la pedagogie Montessori. Mais j'ai surtout decouvert une soif de remise en question, un desir d'apprendre en tant que parents, de faire encore mieux, d'aller de l'avant pour ses enfants et pour soi-meme, avec une veritable conscience humaine et humaniste. La meme soif qui m'a motive lorsque je me suis retrouvee - completement - paumee il y a quelques annees a l'autre bout du monde avec mon bebe dans les bras, loin de ma famille, de mes amis, avec des meres autour de moi ayant une culture bien differente de la mienne et surtout parlant une autre langue.
Je comprend aussi que beaucoup d'entre nous, parents, n'aiment pas l'idee d'un curriculum a suivre. Je pense que ce n'est d'ailleurs pas le but d'une telle pedagogie, mais reellement d'aider a comprendre les mecanismes de l'enfant. Maria Montessori n'aurait jamais voulu d'un dogme de la pensee ou de l'education. Elle les faisaient tous tomber. Il n'y a rien de dogmatique donc dans une telle approche de l'education, chaque foyer est libre d'interpreter mais surtout d'organiser son propre espace de vie commune, ou individuelle. Ce qui est interessant c'est de realiser pourquoi on met un matelas au niveau du sol, tout comme pourquoi l'enfant a acces a la nouriture et donc pourquoi il a besoin de cette autonomie pour bien se construire et pourquoi elle est terriblement necessaire.
Il y a
ici, un exemple sublime d'une mise en application spontanee et ouverte de cette philosophie de la vie. Je dois dire que je suis touchee par la volonte de cette maman, qui a deja un certain nombre d'enfants, a vouloir faire de son mieux, mais surtout de poser des questions a d'autres mamans, de s'inspirer, d'echanger, de comprendre. Et ce qu'elle fait est magnifique a mon sens.
Je vais essayer de repondre a une question recurrente sur tous ces blogs forts de motivation, et surtout de les encourager ; une question qui se pose ou s'est deja posee dans le coeur de toutes les mamans, moi la premiere, qui trouvent cette pedagogie interessante, mais qui doutent de certains procedes pour une question de pragmatisme et de temps.
J'ai lu a maintes reprises : "Cela a l'air genial cette pedagogie Montessori, mais on doit y passer un temps fou". Et bien non, c'est l'inverse. On passe bien moins de temps a lutter contre la negation de nos enfants et a lacer des chaussures, moucher des nez ou encore se battre pour les coucher. Lorsque l'on a bien compris la finalite de cette pedagogie et que l'on reussit sa mise en application dans la vie, la realite, c'est un veritable soulagement. Les enfants sont des etres independants qui ne demandent pas une aide constante. C'est donc un intense investissement au depart, un veritable retour sur soi-meme, certes, mais c'est un gigantesque cadeau ensuite, pour les enfants et pour les parents. Et cela vient tres vite.
Parlons donc ici du coucher. Je parle encore de ma propre experience avec mes enfants. L'experience prevaut toujours sur la theorie.
Ils ont eu un lit Montessorien. Lili en a eu un plus tard que Jules. Mais nous n'avons jamais eu de probleme au coucher, car nous n'avons pas force nos enfants a se coucher. Depuis qu'ils sont en age de se coucher seuls, de marcher ou meme de se deplacer, ils le font par eux-memes. Il est arrive ou il arrive encore qu'il y ait des cauchemars, qu'un sommeil ne soit pas continue, qu'un changement bouleverse leurs habitudes, mais ce sont des periodes normales et necessaires qui ne se prolongent jamais. Encore une fois, avec l'experience, je realise que c'est lorsqu'on les a force que cela s'est mal passe. Ils resistent. Ils luttent et c'est bien normal.
Je crois que l'important dans l'education Montessori c'est de realiser pourqu'elles raisons on "laisse faire". Si on decide de les coucher sur un matelas au sol, ce n'est pas uniquement pour qu'ils se levent seuls le matin. Mais aussi et surtout pour qu'ils aillent se coucher seuls le soir.
Lorsqu'un enfant a faim, il se nourrit. Lorsqu'il a sommeil il va se coucher.
Je crois que laisser un enfant dans sa chambre avec une loupiotte douce et quelques livres ou jouets, est une excellente reponse a son besoin de liberte mais egalement d'independance, d'autonomie. Je vous assure que si l'enfant est considere comme un individu responsable, il ne se revolte pas et va se responsabiliser. Il eprouve tellement de fierte, de confiance en lui-meme.
Nous lisons donc des histoires ensemble au salon tous les soirs, puis mes enfants vont dans leur chambre apres avoir brosser leurs dents. Jules qui a 22 mois egalement. Il en est de meme pour la sieste. Il va seul se coucher dans la journee lorsque nous sommes a la maison. Le coucher n'a jamais ete une punition ou un ordre de ma part, mais une reponse a un besoin. C'est un acte naturel et necessaire, comme boire ou manger. Lorsque le sommeil est la, ils ferment les yeux et s'endorment. Si ils ont besoin d'un peu de temps dans leur chambre avant de s'endormir, libre a eux. Recemment Jules, sortait de sa chambre. Il venait zieuter ce qui se passait au salon. Nous avions des amis ce soir la. Il etait curieux. Je ne l'ai pas gronde, mais raccompagne a sa chambre et lui ai explique que nous avions besoin d'etre avec nos amis seuls. Il a reproduit l'experience 2 ou 3 soirs. Cela ne durait que quelques minutes. Depuis, il ne sort plus du tout. Je suis certaine que si nous l'avions gronde, ou puni, la situation aurait pris certainement des proportions demesurees et au final completement illogiques. Encore une fois si on respecte l'enfant, il apprend a se respecter lui-meme. C'est une phase importante pour qu'il apprenne ensuite a respecter les autres. Ce n'est pas de la frustration ou de la contrainte que naissent les plus belles et riches experiences de la vie a mon sens. Mais plutot de celles ou l'individu s'exprime en complete harmonie avec lui-meme.
Je vais vous raconter une petite histoire sur la liberte qui pour ma part m'a beaucoup touche et surtout fait realiser de cette formidable aventure dans laquelle nous nous sommes engages.
Lorsque ma fille a integre l'ecole Montessori, elle etait ravie de sa liberte qui etait de pouvoir sortir de la classe a son seul desir et bon vouloir. Pour ce faire, les enfants se passent un cordon de couleur autour du cou et peuvent aller s'occuper du jardin potager ou jouer de la musique dans la salle des instruments avec un enseignant en musique. Bien entendu l'enceinte de l'ecole est bien fermee et securisee (nous ferons de meme pour une chambre). Il y a toujours l'un des assistants qui "surveille" cet espace.
Les premiers jours, la maitresse me disait que Lili passait ses journees entieres dehors. J'etais inquiete, je doutais des benefices de cette liberte. Je remettais tout en question. Je me disais que la theorie ratait le coche de la realite, qu'un enfant avait besoin de reperes, de regles, ect.
Mais la maitresse m'a dit avec son plus grand sourire, ne lui en parlez pas, surtout pas. Ne dites rien et je ferais de meme de mon cote. Vous allez voir.
Apres plusieurs jours de liberte a gambader gaiement, Lili ne sortait plus. Elle passait le plus clair de son temps dans la salle de classe. Et ce, sans la moindre intervention de l'adulte.
Pour elle, etre dans une salle de classe n'est donc pas une contrainte. C'est sa decision. Elle a realise a un moment donne que ce qui s'y passait etait tout aussi interessant, voir meme peut etre plus interessant, que ce qui se passe dans la cour. Et ceci a l'age de 3 ans. Et comme me l'a dit ensuite l'enseignante, a l'age de 3 ans Lili a vecu une experience dont elle a tire un enseignement constructif, a vie probablement. Elle a pose des limites autour d'elle-meme par elle-meme. Et c'est cela le plus important. De toute la pedagogie Montessori, si il y a un mecanisme a comprendre, a retenir et a integrer dans notre facon d'eduquer nos enfants, c'est celui la.
Ils sont incroyables. Il faut vraiment leur faire confiance. Il faut vraiment sortir de l'idee qu'un enfant est un etre incapable de se gerer seul, de se realiser, de se construire. A moins d'etre handicapes, les enfants sont de veritables petits etres pensants et faisants qui ont besoin de peu d'aide.
Leur mettre des barrieres, ce n'est pas les aider. La societe d'aujourd'hui souffre terriblement d'assistanat. Moi meme, je me suis sentie demunie a plusieurs reprises devant des situations qui me semblaient insurmontables. Pourtant elles ne l'etaient pas. Elles etaient simples et banales pour d'autres personnes, venant d'autres cultures ou region du globe, avec des priorites differentes par exemple. Je manquais simplement de confiance en moi, de courage, de volonte, non pas a me "depasser", mais a exister tout simplement. C'est ce que j'essaye aujourd'hui d'eviter avec mes enfants. Je crois que ce monde de demain va etre intense a vivre. Les meilleurs des outils pour y vivre seront sans aucun doute l'autonomie, l'adaptabilite et l'autodidactisme. Tanpis si un bout de chemise depasse du pantalon apres que l'enfant se soit habille ou si un verre a ete casse alors qu'il faisait la vaisselle. Ce n'est pas cela l'important.
"N'élevons pas nos enfants pour le monde d'aujourd'hui. Ce monde aura changé lorsqu'ils seront grands. Aussi doit-on en priorité aider l'enfant à cultiver ses facultés de création et d'adaptation." Maria Montessori