jeudi 24 juin 2010

Le concept du continuum

Comme je l'ai deja exprime a plusieurs reprises dans mes commentaires sur ce blog, je pense - a force de lectures et de rencontres, dont certaines "indigenes" - que nos societes occidentales ont vecu une forme de liberation de la femme de maniere completement erronee et biaisee.

Ce n'est pas l'idee d'une liberation que je tend a remettre en cause, car elle fut bien entendu completement justifiee, normale et surtout necessaire. La femme en tant qu'egal de l'homme, moralement c'est une evidence pour la feministe que je suis. Non, je reviens plutot sur la forme et la direction que celle-ci a prise. Selon moi, elle a pris une tournure non-evolutive, dans le sens ou cette liberation s'est decallee, de-cadree : elle a ete deboulonnee de son socle et les deux se sont perdu de vue.

L'image de l'epanouissement personnel et individuel de la femme a ete transposee sur celle de l'homme. La femme en egal de l'homme sur ses droits est une chose. Mais pourtant la femme n'a rien de l'egal de l'homme dans une realite physique, physiologique & psychologique. Tout comme une femme n'est pas un homme, une mere n'est pas un pere et vis et versa. En revanche ces deux etres sont complementaires en plus d'etres compatibles. Une femme ne dispose pas des memes emotions que celles d'un homme ni des memes attributs physiques, qu'ils soient reproducteurs, hormonaux, musculaires, ect... Des etudes tres serieuses ont montre que le cerveau de la femme ne fonctionne pas exactement de la meme maniere que celui de l'homme ! Sans pour autant qu'il y en ai un meilleur que l'autre, ils sont justes differents. Je doute que deux etres aussi distincts puissent se rejoindre sur un epanouissement personnel identique, leurs roles et leurs fonctions dans une societe comme dans une famille. Evoluer ne veut pas forcement dire tout effacer, tout demonter. L'evolution n'est pas le nihilisme. Ce n'est pas non plus un integrisme des idees. Oui, la femme est un etre humain egal a l'homme en droits, mais non la femme n'est pas l'egal de l'homme ! Comme l'homme n'est pas l'egal de la femme.

La liberation de la femme a donc engendre la liberation de la mere. La maniere dont nous avons (mais aussi nos meres et nos grands-meres) aborde les choses a immanquablement engendre cette remise en question du role de la mere dans la societe et au sein de la famille. Pourtant la seule chose dont la mere semble s'etre liberee dans nos societes occidentales, particulierement en Europe, ressemble a un "fardeau", celui de son enfant ; elle peut continuer sa carriere apres quelques mois d'arrets de conges maternite, des infrastructures ont meme ete crees a cet effet : les creches, et puis il y a aussi les nourrices, les assistantes maternelles... On a bascule ici dans une image forte : pour que la femme puisse s'affranchir, elle doit s'affranchir de son enfant. On a ainsi gomme tous les rituels naturels, les dimensions humaines et les roles familiaux des individus feminins.

A mon sens c'est un drame. Et pour l'enfant et pour la femme-mere. Je crois meme que de nombreux troubles et mal-etres encontres par les enfants occidentaux ensuite, dans nos societes contemporaines, viennent de ce simple constat. Je crois que tous ces enfants places dans divers modes de garde desolidarises de la famille et ce, des leur plus jeune age (parfois 1 mois), vivent un manque emotionnel tres important. Tout comme la mere dans sa culpabilite cachee et refoulee et son enthousiasme a revendiquer son autonomie car elle s'inscrit dans un modele societal partage par la majorite. Il me semble pourtant qu'elle n'a pas trouve de reponses franches a son epanouissement et que bien souvent elle se retrouve tiraillee entre son besoin d'exister comme femme liberee et autonome, avec une carriere, une passion et pourtant d'etre une mere. Et puis il va sans dire que tres souvent c'est aussi pour des raisons economiques que certaines femmes travaillent. Nombre d'entres-elles n'ont absolument pas le choix. L'eclatement familial (les grands-parents plus toujours a cote non-plus pour aider) s'inscrit dans cette continuite de separation prematuree du bebe au sein de la famille emotionnelle, tactile, affective. Une nourrice, meme la meilleure de toutes n'est pas une mere et ne peut combler son role. Il faut realiser egalement qu'une journee de travail pour la mere est un temps incroyablement long et distandu pour un bebe et son echelle d'appreciation du temps. A mon sens un enfant ne devrait jamais vivre le drame des pleurs de la premiere journee en creche, voir des suivantes, qui sont des dechirures emotionnelles et qui alterent ensuite les capacites de l'enfant, meme si elles nous semblent invisibles apres un certain temps. La mere ne devrait pas vivre cette separation non plus. Et nous ne devrions pas laisser des "idees preconcues" legitimer ce fait, qui vehicule l'idee que c'est bon pour l'independance de l'enfant. C'est egalement ce que Maria Montessori remettait en question principalement dans sa philosophie de l'education. Il faut respecter TOUS les rythmes de l'enfant. Un enfant qui pleure lorsqu'il quitte sa mere est un enfant qui n'est pas pret et qui souffre. Le forcer ne lui fait pas de bien.

Dans d'autres contrees occidentales que la France, comme dans le pays ou je vis, c'est le schema inverse. Les femmes restent a la maison mais certaines ne sont pas pour autant heureuses, tout comme doivent l'etre leurs enfants, car elles ont eu une vie sociale et professionnelle intense avant d'avoir des enfants et se retrouver a la maison est tres difficile pour elles, parfois meme delicat et mesaventureux.

La aussi, la femme-mere qui reste a la maison contre son gre est un non-sens. Mais alors comment faire pour que nous, les femmes, trouvons notre place dans la societe d'aujourd'hui ? D'apres moi la reponse est simple, tres simple.
Pour cela il faudrait bousculer d'autres piliers "normalises" de la societe. Je crois que la femme devrait tout simplement aller travailler avec ses enfants. Je sais cela peut sembler dingue, mais c'est vraiment la solution qui me parle le plus et qui finalement est celle utilisee par des millions de femmes a travers le monde. Et je crois meme que cela recadrerait la position de l'enfant dans la societe, qui est aujourd'hui completement evince de la vie. Souvent car ils sont trop "bruyants", trop "agites". Oui, c'est la vie non ? Il y a dans le monde anglo-saxon de la zone oceanique (Australie et Nouvelle Zelande) de tres belles pistes du genre qui commencent a emmerger. D'autres qui font partie integrante de la vie depuis belle lurette. Par exemple, mon mari passe chercher sa fille de 5 ans a l'ecole une fois par semaine - a 15 heures - pour l'emmener avec lui a son travail. Il ne le fait pas car nous en avons besoin nous parents. Non je pourrais aller chercher ma fille ce jour la. Il le fait dans le seul but d'emmener sa fille avec lui pour partager avec elle, sa vie. Parfois il arrive en effet que si j'ai une urgence indeplacable pour mon propre travail et que je ne peux emmener mon fils avec moi (sur un chantier par exemple, je suis architecte pendant les siestes et la nuit de maniere occasionnelle pour garder la main, le coeur mais aussi mettre du beurre dans les epinards), je depose mon fils de 2 ans a son travail (industrie medicale). Il est toujours accueuilli merveilleusement bien. Chose que tous les employes de cette boite font regulierement et pas seulement les managers... Et ce n'est pas la seule ! C'est aussi redonner un visage humain au monde qui nous entoure, nous ne sommes pas que des pions de productions mais aussi des etres vivants. Mais pour cela il faut se battre et s'affirmer. Poser nos conditions a l'employeur.

Fascinee par l'anthropologie, l'ethnologie, la sociologie et autres questions inherentes au genre humain, j'ai decouvert la pensee de Jean Liedolff "A la recherche du bonheur perdu" peu apres celle de M. Montessori et l'idee du concept du continuum qui s'inscrivait comme un echo a mon ressenti.

"Le concept du continuum : à la recherche du bonheur perdu est un essai de Jean Liedloff. L'auteur y dénonce les théories ou pratiques occidentales visant à séparer très tôt le nourrisson de sa mère. Au contraire, Jean Liedloff cherche à démontrer la nécessité de conserver le contact physique mère-enfant jusqu'à ce que l'enfant s'en détache tout seul.

La principale justification est qu'un nourrisson qui passe neuf mois au contact permanent avec sa mère ne peut être enlevé du jour au lendemain de sa présence. Au lieu d'isoler l'enfant dans une chambre à part dans un lit sans vie, l'auteur propose de le laisser partager la vie de la mère tant qu'il le réclame. En effet, selon l'auteur, lorsqu'il apparaît au monde, l'enfant a besoin d'être rassuré sur sa propre existence et sur l'amour qu'il reçoit. Alors qu'il ne peut conceptualiser ce besoin, l'enfant ressent l'absolu nécessité d'être entouré à chaque instant comme il le fut dans le ventre de sa mère. L'auteur conseille que l'enfant soit ainsi constamment porté par la mère pour découvrir le monde à travers elle. Peu à peu, l'enfant appréhende ainsi ce qui l'entoure en toute sécurité. Lorsqu'il sera assez confiant en ses capacités, il quittera de lui-même sa mère pour explorer son environnement. Néanmoins à chaque instant, il sait qu'il pourra revenir vers sa mère s'il en ressent le besoin.

L'auteur fonde principalement sa démonstration sur le témoignage de son vécu dans la jungle amazonienne au contact de tribus (les Yekwanas et les Sanemas) dont elle trouva les membres particulièrement épanouis et heureux.

La critique majeure formulée est qu'en ne forçant pas la coupure avec la mère, l'enfant risque d'être trop gâté et de ne jamais pouvoir prendre son indépendance.

L'auteur y répond par l'inverse. En fournissant le plus proche soutien à l'enfant, au moment où il en a besoin, celui-ci conservera tout au long de sa vie en lui le sentiment qu'il est un être aimé. Au contraire, en sevrant l'enfant beaucoup trop tôt ce dernier recherchera toute sa vie à combler l'amour et la présence qu'il n'a pas reçu étant tout petit. Selon Jean Liedloff, ce sevrage peut être par la suite la source d'un besoin permanent de compétition pour acquérir l'attention d'autrui ou alors faciliter la dépendance en général pour combler le vide tragique vécu étant bébé.

Dans sa description de la tribu des Yekwanas, Jean Liedloff dépeint de jeunes enfants confiants en eux-mêmes et surtout très calmes car il ne cherche jamais à attirer l'attention sur eux-mêmes pour se sentir aimer ou exister. De même, quand il sera plus âgé, si un enfant vit une terrible douleur il n'aura aucune honte à retourner voir sa mère pour aller pleurer dans ses bras et aucun enfant ne se moquera de lui.

L'ouvrage de Jean Liedloff ne permet pas réellement de distinguer cette pratique éducative de son contexte d'application dans la forêt amazonienne. Il est donc justifié de s'interroger sur l'application concrète de cette pratique dans les sociétés occidentales modernes, où la mère doit reprendre le travail quelques mois après l'accouchement par exemple.

Selon l'auteur, de nombreuses pathologies des sociétés occidentales modernes (comme la compétition ou un utilitarisme exacerbé) sont liées à la non-écoute des enfants lors de leur plus jeune âge. Pour améliorer la situation, Jean Liedloff conseille de mettre en application le continuum chaque fois que possible. Par exemple, en dormant avec l'enfant ("co-dodo" ou "co-sleeping") ou bien en le portant sur la hanche autant que possible lors des tâches ménagères. Pour Jean Liedloff, au lieu de revenir des courses avec l'enfant dans la poussette, il vaut mieux mettre les courses dans la poussette et porter l'enfant.

On retrouve dans le concept du continuum une approche similaire aux approches éducatives centrées sur l'enfant. Par exemple, la pédagogie Montessori insiste de la même manière sur la liberté de l'enfant quant à son rythme d'apprentissage."
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24 commentaires:

  1. Le concept du continuum, un de mes bouquins favoris ...On devrait l'offrir à tous les nouveaux parents.
    En voyant les choses sous l'angle de la différence et pas via un rapport de domination homme/femme ou femme/homme ça change les choses déjà en effet.
    L'anecdote de mettre les courses dans la poussette et de prendre l'enfant dans les bras m'a marquée aussi, d'ailleurs j'ai lu la même chose dans un bouquin de Montessori.

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  2. Oui comme tu le dis. C'est souvent une question de point de vue...
    J'ai moi meme galere pour me "situer" dans cette societe. Eduquer mes enfants dans des pays ou la mere reste un pilier dans la societe avant d'etre une femme active m'a beaucoup aide. Pourtant je denonce egalement cette attitude qui est de clouer au pilori la femme qui a besoin de creer, produire, travailler... Car je suis egalement celle-ci.
    Encore une fois, il est interessant de cueillir dans les differentes cultures, de chercher ce qui correspondrait le mieux a toutes et tous. Je crois qu'une femme n'est pas qu'une carrieriste egoiste ni qu'une mere au foyer. Elle est un ensemble de toutes ces choses... C'est dans cette direction que nous devrions partir, nous diriger... Arreter de nous condamner les unes et les autres aussi. Et realiser de ce qui est vraiment bon pour nos enfants par nous memes. Etre bienveillantes aussi comme le dit si souvent Aline...

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  3. Bonjour a toutes. Sand cet article m'a fait mal. J'ai mis du temps avant de me resoudre a donner mon commentaire. Je fais partie de ces femmes qui ont laisse leurs enfants en pleurs au kindy (creche), car j'aime mon travail, j'existe ainsi, mais aussi car je me voile les yeux et le coeur. Au fond de moi je sais que tout ce que tu dis est vrai, mais me resoudre a vivre a la maison je ne le peux pas, je ferais peut etre meme du mal a mes enfants si c'etait le cas, a force d'etre a bout, de ne pas etre moi.
    Et pourtant tout ce que tu dis ici est tellement juste a mes yeux. Je me suis repetee avec hypocrisie que c'etait pour leurs bien, comme tout le monde le dit oui... pour leurs independence... mais je n'en ai jamais ete convaincue non plus... c'est decousu. Merci pour cet article qui fait reflechir, qui me remue, qui essaye tres justement de nous recentrer et nous repositionner.

    Claire (la fille d'Anne-Marie).

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  4. Superbe article, je m'en vais lire ce livre pendant les vacances...
    c'est marrant, la poussette m'a aussi très souvent servie à ramener les courses, avant d'investir dans un caddie...

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  5. @ Claire, moi aussi j'ai laisse ma fille en pleurs au kindy, en Nouvelle Zelande, elle avait 10 mois. J'avais besoin de payer mes factures. J'avais besoin d'exister aussi en tant qu'architecte. A ce moment la, je n'avais pas toutes les cles en main. Je ne voyais pas d'alternatives. Je ne comprenais pas tout ce qui se passait. Je "pensais" aussi que c'etait bon pour elle, que ces pleurs passeraient. D'ailleurs ils ont cesses. C'est ce que je voulais voir et croire. C'est ce qui me rassurait et me permettait de continuer.
    Mais j'ai fini par me retracter et reflechir. Je communiquais peu sur cela avec mon entourage, j'avais besoin de penser, d'observer et ingurgiter. J'ai recupere ma fille, et j'ai commence a faire du "Montessori" a la maison tout en financant comme je pouvais le reste (j'ai trouve a ce moment la un compromis avec mon boss). J'habitais une banlieue paumee en Nouvelle Zelande. C'etait plus facile. Je me suis isolee volontairement, j'avais besoin de me ressourcer, me detacher de tout ce qui me semblait parasite, surtout les avis des autres, en dehors de quelques amies, meres, tres proches et tres differentes les unes des autres, qui m'ont aide dans cette reflexion.
    Mon mari bossait avec des bebes premats, il travaillait sur des appareils qui permettaient la lecture des analyses des electro-encephalogrammes, et les interpretations des donnees electriques du cerveau de ces bebes en couveuses, separes de leurs meres jusqu'a parfois de long mois.
    Et ces resultats s'affichaient sur le papier... Certains des enfants suivis, dont certains etaient ages de plus d'un an aisement, reagissaient de maniere tres violente cerebralement (l'activite electrique du cerveau le montrait) sans que le moindre signe ne soit visible sur son visage ni dans ses attitudes... Pierre etait sidere par ces comportements non visibles.
    C'est la que j'ai vraiment commence mon chemin, ma reflexion et toutes mes recherches sur ce monde de l'enfance si peu connu qui est pourtant empli de recettes miracles et d'adages savants. Pierre mon mari s'est interesse a toutes ces etudes cliniques. Elles existent meme si certaines en sont a leurs balbutiements. Des donnees sont edifiantes. Un enfant qui subit une separation non volontaire vit un traumatisme. Et ce dans 100% des cas cliniques etudies par les medecins et chercheurs dans la section de cet hopital dans lequel mon mari bossait. Certains bebes l'exprimaient par des pleurs, mais pas tous.

    Il y a vraiment des idees vehiculees dans les societes, un savoir flou, populaire et parfois obscur qui se transmet, comme l'idee que des pleurs de separation sont bons. Il est important je crois de s'informer, reflechir et toujours tout remettre en question. Je ne suis pas non plus medecin. Ni scientifique. Je suis ma propre interprete de ces donnees lues. Je demanderais a mon mari si il a le temps de faire un article plus scientifique sur ces etudes cliniques.

    C'est le but de cet article en effet. Demonter toujours et toujours des idees recues et aider la cause des enfants, qui sont souvent consideres d'une maniere tres erronee et simplifiee.

    Merci pour ce commentaire Claire. Il me touche particulierement.

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  6. Merci Sand pour ce billet. Excellent ! Je l’ai lu avec beaucoup d’attention.
    Il y aurait tant de choses à dire mais je resterais brève.
    Je suis l’une de celles qui après des années de travail (et je suis du genre « workholic » avec PhD très jeune et tout le paquet!) s’occupe maintenant 100% de son fils. Même si je sais que c’est un lux par ces temps si difficiles, c’est du travail ! Je n’ai pas de nounou et j’y suis complètement dévouée.
    J’ai reçu l’approbation de certains, et les critiques d’autres. Les plus critiques sont de ma famille, ce qui me fait de la peine. Je vis éloigner d’eux donc pas de support de ce côté-là.
    Ce qui m’a le plus touché de ce billet est cette partie sur les pleurs et la séparation. Comme tu le remarques si bien, ce n’est pas que la séparation qui marque mais le manque d’affection, d’attention quand l’enfant pleure ou simplement le manque d’attention lorsqu’il en a besoin. Et au fils de sa vie il tentera de « remplir » ce vide affectif d’une manière ou d’une autre, souvent avec des comportements à tendances négatives comme « se faire remarquer », chercher l’approbation du « chef », un manque d’humilité… Cela aide à comprendre bcp de choses sur les autres et notre propre comportement.
    Pour celles qui laissent leurs enfants à la crèche, ceci n’est pas irrémédiable. Bien au contraire. À la fin, il semble que ce sont la maman et le papa qui comptent vraiment. Et c’est là je crois que l’affection quotidienne est vitale. Les enfants sont si sensibles et savent quand il y a un véritable amour. Cet amour remplace toutes les heures lorsque les enfants sont maintenus au loin. J’en suis certaine.
    Et il faudrait remarquer que malheureusement, pas tous les enfants dont la maman reste au foyer reçoivent cette affection quotidienne et ressentent cet amour si vital.
    Cette idée des enfants qui visitent au travail est merveilleuse ! La société moderne est tellement fragmentée !
    Merci encore chère Sand.

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  7. Le rythme de nos sociétés est malheureusement envisagé pour le travail masculin... Les pauses carrières, le travail à temps partiel et in fine les pensions, tout cela handicape les femmes qui travaillent.

    Mon amoureux était partant pour prendre un jour une pause carrière pour prendre du temps avec nos futurs enfants : on vient de supprimer ce temps dans le calcul des pensions. Or, qui prend d'habitude ces congés ?

    En Belgique, les droits au chômage ne sont pas individualisés, du coup, la personne en couple perçoit des droits moindres.

    Le Luxembourg est le pays européen où les femmes courent le risque le plus important de devenir pauvre (oui !) : souvent, avec l'arrivée des enfants, on "sacrifie" un salaire... et comme celui des femmes est souvent le moins élevé (temps partiel, filières moins lucratives, salaire bas), c'est celui-là qu'on supprime. Entre la Belgique et le Luxembourg, pas besoin de faire un dessin, pour un assistant social, le salaire va du simple au double !

    Dernièrement, nous avons été diner chez une amie, qui bossé toute sa vie, deux enfants, divorcée, une partie de sa vie au chômage, pas super diplômée, elle va recevoir des clopinettes comme pension... et sa maison ne sera pas encore payée à ce moment-là. Elle aura été pauvre toute sa vie !

    En France, le petit président allonge le temps de travail... et les femmes qui ont arrêté de travailler puis ont repris le boulot, qui n'ont pas assez cotisé, devront travailler jusqu'à 70 ans.

    Le temps du travail n'est pas un temps qui respecte le rythme de vie d'une femme, d'une famille... Et je pense que ce sont fondamentalement les visions du travail qui sont à revoir (travailler jusqu'à 70 ans, pourquoi pas... mais dans quelles conditions ?). Et du rythme de la société.

    Quand j'étais en agrégation, j'aurais aimé qu'un prof plus âgé fasse du tutorat, quand j'étais petite, je crois que j'aurais aimé aller au boulot de mon père et de mon grand-père. Mon amie anthropologue chez les Inuits faisait justement du travail avec les Anciens, pour voir comment réintroduire la culture Inuit dans une culture devenue canadienne par l'école. Du temps non pas pour étudier mais pour en apprendre sur sa culture. J'ai aimé être avec ma maman, à la maison, qui a une créativité dingue. Mais qui ne va pas recevoir de pension.

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  8. En Australie. Le conge maternite: sans solde. Maladie: 6 jours par an minimum. Le chomage: aucune indemnite, preavis de licenciement par l'employeur de 3 semaines. La retraite: par capitalisation privative uniquement. Conges payes : 20 jours annuels minimum.

    Budget annuel pour une ecole par enfant : $10.000.

    Ici on travaille et on met de cote. On paye ses etudes a la sueur de son front et on emprunte pour l'uni. Pourtant cela n'empeche pas les femmes de faire beaucoup d'enfants et de rester a la maison.

    La vie sur Sydney est plus chere que sur Paris. L'indice place la ville dans le top 5 mondial.

    C'est sur, c'est une autre vie ! Disons que les priorites des gens ne sont pas les memes.

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  9. J'ai oublie ! Il y a un systeme de secu pour la sante de base. Les hospitalisations sont ensuite couvertes pas des assurances privees.

    De notre cote, nous ne beneficions pas de ce systeme de sante, car nous ne sommes pas residents.

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  10. Je ne connaissais pas du tout, c'est très intéressant ce concept, ça me plaît bien !

    "Lorsqu'il sera assez confiant en ses capacités, il quittera de lui-même sa mère pour explorer son environnement. Néanmoins à chaque instant, il sait qu'il pourra revenir vers sa mère s'il en ressent le besoin."
    C'est tellement vrai, l'enfant si on lui en donne les moyens grandit, devient autonome, devient acteur de sa propre vie mais souvent ce sont les mamans qui ne veulent pas le laisser s'éloigner et qui l'enferment dans un amour trop étouffant ! Mais ceci est un autre sujet !!!

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  11. Ahhh Marie, ce point d'equilibre... toujours et toujours ! Comme le dit Ma_aile je ne sais plus ou, l'observation, le funambulisme... ou encore Freinet, le tatonement justifie par l'espoir en la vie...

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  12. Merci pour cet article car j'avais deja tourne pas mal autour de ce livre sans me decider si je devais le lire ou pas
    C'est donc decide !!
    Je pense comme toi Sand, que ce sont les piliers de la societe qui sont a revoir...
    pour moi, c'est comme si on essayait de solidier, de bricoler les maisons alors qu'elles sont construites sur des sables mouvants !
    Drole d'image, mais euh,... c'est celle qui m'est venue

    En France (mais surement ailleurs), on se fait la guerre : pour ou contre rester la maison, pour ou contre l'autorite, pour ou contre l'allaitement... parce que 90% des gens fonctionnent et reflechissent de maniere BINAIRE : c'est bien ou mal, noir ou blanc, autoritaire ou permissif...
    mais la 3eme voie ? Celle d'ouvrir les yeux et de reflechir a cette societe que nous avons bati au XIX sur l'industrialisation naissante, et qui ne nous correspond + auj ?

    Aller au travail avec son enfant ? Mais quelle idee fantastique !
    Tout le monde auj repondra "pas possible, n'importe quoi...." voire meme "il (l'enfant) ne fera que des betises".... "je ne pourrai pas travailler", alors que l'enfant, ne demande qu'une chose : faire partie integrante de notre vie, de nos activites.... !

    Combien d'enfants, meme tout petits, savent ce que font leurs parents comme metier, ou ils travaillent ?
    Ce serait tellement beau si la societe etait aussi ouverte, aussi tournee vers l'enfant..

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  13. Je pense effectivement que ces idees sont loin d'etre visionnaires ou irrealistes. C'est deja ce que pratique plus de la moitie de la planete de la population feminine, d'autant plus qu'il y a moyen de mettre en place d'intelligentes infrastructures dans nos societes occidentales...

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  14. Comme d'habitude, un article très vrai mais qui fait mal.

    Moi je ne pense pas que je trouverais mon équilibre en étant 100% avec mon fils mais ce qui est certain c'est que je travaille et que ça ne me convient pas non plus.

    Pour se câler aux dates obligatoires, imposées par la société, et parce que financièrement ce n'était pas possible, j'ai mis mon fils en nourrice (pas de place en crèche). Je vis mal ce choix qui me semble imposé alors que c'est peut être moi qui n'ai pas su m'imposer.

    Les mots de mon fils :
    "moi aussi je vais au travail avec toi"
    "pourquoi il faut travailler, non rester à la maison et jouer avec toi"

    J'ai réduit mon temps de travail pour dès septembre passer le mercredi avec mon fils. Je m'interdis tout ménage ou autre tâche ménagère.

    Mon fils a 2 ans 1/2 et je n'ai toujours pas trouvé ma place de femme, épouse, mère.

    Pas facile !

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  15. j'avais déjà entendu parler de ce concept. (sur ton blog peut-être sand?). il me parle très fort. ce livre sera dans mes lectures de l'été.
    ici, c'est un choix de rester à la maison, parce que j'y suis bien. mais je me sens un peu coincée par le rythme de mon homme en déplacement toute la semaine. comment je ferais pour travailler puisque je n'ai pas de relai auprès des enfants?!
    et je pensais en lisant à mon octave qui à la fin de l'année pleure encore au moment de la séparation à l'école le matin... j'espère que la classe montessori l'enthousiasmera davantage...

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  16. @ Aline, oui je comprend qu'il puisse faire mal. Ce constat est inevitablement douloureux et c'est exactement pour cette raison que je pense qu'il est necessaire d'en parler, de reflechir, que l'on soit d'accord ou pas. Car j'ai l'intime conviction qu'au fond, a quelques details pres, nous le sommes toutes. Et c'est ce qui est dramatique a mon sens, c'est cette privation de "vraie liberte" !

    @ Zesthetic, je te souhaite une bonne et belle lecture ! J'ai hate de suivre ton point de vue sur cette rentree scolaire. En attendant passez tous de belles et bonnes vacances.

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  17. Merci pour ce tres bel article qui remue tellement en nous.

    Le principe du continuum comme "une autre Marie" j'ai tourne autour sans jamais le lire.

    Et puis dans le magnifique film de Sam Mendes Away we go il y avait cet extrait ou le couple retrouve une amie d'enfance qui applique le principe et cela est presente de maniere tellement caricaturale...(mais assez drole)

    Aller au travail avec ses parents, j'ai eu la chance de le faire petite (parents un temps entrepreneurs) et je n'en retiens que des bons souvenirs. Se faire toute petite quand papa est au telephone et ecouter en silence, ecrire une histoire sur une machine a ecrire, ranger les trombones et courir dans la cour...allez avec maman a la boutique et jouer a la vendeuse, decorer les vitrines, compter les sous dans la caisse...

    Je trouve que le statut d'autoentrepreneur et la tendance des femmes a creer leur entreprise est une premiere demarche en ce sens: tenter d'accorder plus de temps a sa famille tout en s'epanouissant (ou pas) dans un travail remunere... Mais a quel prix...il faut s'organiser comme une chef...

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  18. Ton idée d'emmener les enfants au travail est la conclusion à laquelle je suis arrivée en me demandant comment conjuguer mon travail que j'aime (plutôt, mon emploi -professeur d'anglais, que mes lieux de travail -deux collèges, dur...)et l'éducation de mon enfant; sa place dans la société.
    C'est pour le moment une utopie, à laquelle je songe les yeux tournés vers le ciel...
    Pas facile d'être mère et femme aujourd'hui (hier non plus d'ailleurs...) mais nous avons les cartes en main pour changer les choses petit à petit (ça commence par les crèches d'entreprise)

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  19. Completement d'accord les filles !

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  20. Je suis dans la même réflexion que ton article Sand...
    Depuis que je suis mère, je cherche comment harmoniser cette nouvelle facette de vie avec ma vie professionnelle. Pour les ateliers de créativité libre, ou d'éveil et pédagogiques avec les jeunes enfants, ça va.

    Mais en revanche que je fais de l'accompagnement relation d'aide (écoute, art-thérapie, relaxation), là ça ne me semble pas convenir... Si mon mari peut prendre le relais, c'est génial, mais sinon... il faut bien trouver d'autres solutions pendants ces temps-là. Nous avons envisagé plusieurs solutions qui dépendent de différents critères. Nous sommes encore en cours sur le sujet puisque je reprends peu à peu mes activités depuis quelques temps.

    Je pense qu'il est idéal d'être entouré d'amis et de gens bienveillants qui sauront partager des moments de leurs vies avec mon fils de manière respectueuse, aimante et inscrits dans une ligne éducative commune à la nôtre pour l'essentiel. Cela viendrait représenter peut-être ce que l'auteur du livre décrit dans des tribus où ils vivent en communautés, mais de manière adaptée à notre culture d'aujourd'hui ?

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  21. C'est excatement le fond de ma pensee Severine ! Effectivement, un retour a l'harmonie entre les hommes, un retour a la vraie communaute, dans son sens le plus noble... A l'entraide active et non pas passive !

    ...

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  22. je viens de le mettre sur ma liste "amazon" bouh la vilaine, bein oui désolée les girls mais y a pas bcp de librairies qui livrent la NC.
    sinon, pour revenir sur "Selon Jean Liedloff, ce sevrage peut être par la suite la source d'un besoin permanent de compétition pour acquérir l'attention d'autrui ou alors faciliter la dépendance en général pour combler le vide tragique vécu étant bébé" ; je fais partie des bébés dans le début des années 70 qui ont été placés en nourrice à l'âge d'1 mois, pas 3, 1 mois et c'est seulement aujourd'hui, très récemment dans le cadre de mon coaching en développement personnel que je comprends quelques comportements que j'ai eu, des sentiments de rejet et de frustration qui sont totalement lié à ce sentiment qui peut être également vécu par l'enfant comme de l'abandon.je ne veux faire culpabiliser personne, mais je crois que l'enfant doit rester avec la mère le plus longtemps possible ses premiers mois ; en tant qu'indépendante en NC, je me suis arrêtée que 3 mois après la naissance de Merlin mais j'ai jonglé pour qu'il reste à la maison avec une nounou le temps des cours ; c'était la course car je n'avais pas les moyens de dépasser plus de 3 heures ; après mon mari rentrait le midi le garder et je repartais donner 1 cours et le soir aussi ; quelle année de folie et à 18 mois il est entré en collectivité, le smile et la patate tous les jours, heureux d'y aller. Je travaille et j'aime ce que je fais passionnément mais j'ai décidé de travailler qu'à mi-temps pour pouvoir profiter un maximum de mes deux enfants en ayant tous mes après -midi de libre avec eux. en revanche, je ne les vois pas le matin, je pars à 6h10, ils dorment encore et souvent le soir je ne les couche pas car je rentre à 20h amis entre on est ensemble à fond, chacun y trouve son équilibre.

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  23. Bonjour,
    Je tente d'appliquer le concept du continuum avec mon fils (11 mois) depuis sa naissance (cododo, portage intensif pendant la période "dans les bras", etc...). J'ai arrêté de travailler malgré un mari au chômage. On galère, mais mon fils est heureux, rayonnant, curieux des autres. Je recherche des témoignages de parents dont les enfants sont aujourd'hui grands. J'ajoute ici le mien pour qu'il serve à d'autres...

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  24. Je trouve tout ça extrêmement intéressant mais pour en déculpabiliser certaines, j'apporte mon témoignage d'enfance. Ma mère ne travaillait pas et à toujours été très (trop?) présente et attentionnée, affectueuse, à l'écoute et malgré cela, je suis névrosée et me sens traumatisée ne sachant trop d'où ça vient... Je n'ai jamais été en crèche, nourrice. Chacune fait ce qu'elle peut et c'est l'essentiel.

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