jeudi 18 février 2010

Et des bébés aussi...

Nous parlions il y a peu avec une amie qui travaille avec des enfants psychotiques, et elle resoulignait l'importance de la première année de vie, et de la sécurité affective apportée par la mère (et le père, ou le plus proche parent) pendant cette première année pour l'équilibre de l'être. Cela collait parfaitement à ma réflexion actuelle.
Le respect de l’enfant qui transparaît des écoles Montessori et dans les autres pédagogies alternatives est un respect de longue haleine qui prend sa source dès la naissance de l’enfant (et même bien avant je pense !).
Nous nous sentons très en décalage ici dans notre façon d’être avec notre fils. Pourtant il nous aurait été impossible de faire autrement que de dormir avec lui les premiers mois de sa vie ; d’essayer pour moi de l’allaiter aussi longtemps que mon corps en a été capable ; de l’accompagner dans son sommeil par des câlins, des berceuses ; de le porter pour l’endormir, pour un moment de câlin, pour une balade ; de ne jamais le laisser pleurer tout seul. Dans le sixième mois de sa vie il y a encore largement de tout ça, seul l’allaitement fait défaut et Eliott dort dans sa chambre depuis qu’il « fait ses nuits ». (mais il fait de temps en temps la sieste du matin avec nous, sieste encore souvent en ergo, nous nous adaptons :-))
Rien de bien exceptionnel, que du quotidien et de l’évident par ici. Mais combien de questions sur les « risques » encourus à trop écouter notre fils ? Les remarques sont rarement franches, toujours beaucoup de conseils « bienveillants » mais finalement si critiques. Je « sens » ces regards intrigués, et nous avons vécu ce grand décalage avec notre nounou dont nous nous séparons sans regret… (Elle qui laissait pleurer notre fils même quand elle était disponible pour qu’il s’habitue à ce qu’on ne s’occupe pas de lui tout de suite… Comment dire ?? non !!) Je trouve que notre société est très paradoxale : il faudrait que les bébés fassent leur nuit à une semaine, dorment dans leur chambre dès leurs premiers jours parce qu’il faut bien que les parents eux dorment (c’est presque une citation mot pour mot, je n’invente pas cette phrase), pleurent tout seuls souvent pour les mêmes raisons, pour qu’ils ne s’habituent pas… Mais s’habituer à quoi ? C’est comme si les gens avaient peur du trop gros attachement que porte en eux nos petits bouts, comme si cette dépendance énorme faisait peur… Et pourtant, ce seront les mêmes adultes qui plus tard seront incapables de donner à leurs enfants l’autonomie dont ils ont besoin et dont ils sont pourtant capables (combien de grands enfants ne savent pas : faire leurs lacets, boucler leur manteau, couper leur viande, … parce que finalement les parents font beaucoup à leur place, les couvent trop... Comme pour rattraper ce temps perdu à se détacher au plus vite de leur bébé ?).
Alors oui, nous sommes des parents « scotchs » avec Eliott, mais surtout, nous cherchons à l’écouter au maximum, et nous serons prêts à écouter le temps venu ses désirs d’indépendance et d’autonomie. (Notre nouvelle nounou dont les enfants ont 9 et 14 ans nous disait qu’elle les sent très indépendants comme s’ils avaient eu leur content d’affection et de sécurité pour pouvoir assez tôt voler de leurs propres ailes… Et même plus jeunes, dis moi si je me trompe Sand, mais j’ai le même sentiment concernant Lili et Jules, même s’il y a forcément une part du caractère propre à chacun qui rentre en ligne de compte…)
Alors, sans mettre de nom sur cette façon de faire (maternage est le terme à la mode qui semble décrire le mieux notre façon d’être, mais paternage irait très bien aussi !), écoutons et respectons nos bébés aussi !

9 commentaires:

  1. J'adore ce texte Ma_aile.

    Vraiment, il est maternel, reflechi, engage et surtout d'une extreme logique et empreint de bon sens.

    Oui, nous avons porte nos bebes, fait du cosleeping, je les aient allaite tous les deux le plus longtemps possible malgre mes nausees (hormonalement l'allaitement me rendait malade) et ne suis pas choquee de voir des bebes allaites de plus d'1 an. Je ne les aient jamais laisse pleurer s'ils etaient en demande non plus.

    Et oui, Lili et Jules sont tous deux des etres extrement independants qui s'adaptent a de nombreuses situations.

    Lili a vecu dans 4 pays differents et Jules dans 2, nous avons vecu dans 10 maisons differentes depuis la naissance de notre ainee, ils ont marche tous les deux a 10 mois, ils ont dormis dans des lits sans barreaux ni garde corps des l'age de 12 mois sans le moindre souci, Lili a ete propre a 18 mois le jour et 20 mois la nuit par sa seule et unique volonte, Jules qui a 20 mois eprouve cette meme volonte, ils cuisinent, prennent soin d'eux, savent se laver, s'habiller (jules fait des progres ahurissants en ce moment), manger seuls dans et avec de vrais couverts. Lili qui a 5 ans s'occupe enormement de son frere. Elle lui met ses chaussures, l'aide au bain, partage ses aliments, ect...

    Ils refusent tres souvent mon aide et veulent faire par eux memes.

    Ils ne sont pas des etres parfaits, loin de la, ce qui fait leur immense charme, mais ils sont fiers d'eux memes et je crois bien dans leurs pompes.

    Oui ils sont terriblement autonomes. Et pourtant je fais partie comme toi, de ces meres qui ont cocoone a la maison et qui ont ete des adeptes du maternage, enfin comme tu le corrige tres bien, du parentage (Marm a egalement fait du skin to skin avec ses deux enfants la nuit, porte ses bebes en echarpe, ect...). Ecouter les conseils c'est bien, mais choisir soi meme apres avoir fait le tour de la question c'est encore mieux. Et parfois cela fait du bien de se boucher les oreilles ! Evoluer c'est accepter ou refuser les methodes passees et envisager les futures dans l'objectif de faire encore mieux.

    Merci pour ce texte encore une fois.

    xx

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  2. Ton texte est très touchant Ma_aile, il résonne en moi de manière très profonde... pour avoir vécu des moments similaires aux tiens
    La grossesse, la naissance, l'accueil des bébés sont encore de vastes domaine à défricher... Les idées préconçues résistent, il faut sans arrêt enfoncer des portes et réaffirmer sereinement, mais fermement nos idées de parents pour que nos enfants grandissent dans les meilleures conditions.
    Célestin, mon fils le plus jeune, vient d'avoir 4 ans, je l'ai allaité 2 ans (je sais que je vais faire bondir certains parents, car j'avais moi-même une idée très perplexe sur l'allaitement long avant d'être maman...), depuis quelques mois, il ne se réveille plus la nuit...
    Jamais une fois, nous ne l'avons laissé pleurer, ou seul. Chaque nuit, nous avons accompagné ses réveils... Notre entourage (surtout professionnel...) ne comprenait pas toujours... J'ai souvent entendu dire "Oh, ma pauvre"...
    On ne s'est jamais posé de questions, si il se réveillait, c'est qu'il avait besoin de notre présence, d'être rassuré.
    Comment construire sa sécurité intérieure et grandir sans une présence rassurante?
    Par ailleurs, tout comme Auguste son grand frère de presque 6 ans (ou Lili & Jules) c'est un petit garçon super autonome dans les activités quotidiennes. Cette autonomie se gagne dans la confiance et le regard bienveillant qu'offrent les adultes, c'est la seule chose qui permet de grandir, aider nos enfants à faire tout seul, en leur montrant, en les encourageant, en les rassurant...
    Ce qui est le plus difficile, c'est qu'à la différence de Sand, nos enfants rencontrent des adultes (nourrices, maîtresses) qui certes, aiment les enfants, mais n'ont pas toujours une présence aidante, qui sont intrusifs ou très directifs, ou encore qui font à la place d'eux...
    Souvent, tout comme toi Ma_aile, je bondis...
    Il me vient à l'esprit cette expression de Montessori : "Toute aide inutile est une entrave au développement de l'enfant."

    Bon Ma_aile, ça te dit pas de monter une école ? ;-)

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  3. Si vous faites ca, je rentre ilico et je suis des votres !

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  4. Rooh si Aline, ça me dirait bien!! Tu as déjà pensé à le faire concrêtement? Ce doit être un sacré challenge!

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  5. Si j'y pense??? Presque tous les jours... J'en ai même rêvé la nuit dernière!
    Alors, c'est vrai que rien n'est simple...
    Comme Sand, je suis super partagée, ça me fout en rogne de me dire que si je créé une école, seulement les enfants des familles les plus aisées pourront en profiter... Pouvoir appliquer Montessori en école publique, j'en rêve!
    Ma copine Céline, qui est en congé formation d'éducatrice Montessori 3-6 ans cette année, le fait déjà, elle fait un travail extra!!!
    Alors, chaque année, je tente de redemander une classe maternelle, pour pouvoir appliquer ce que j'ai appris moi aussi lors de mon année de formation 3-6 ans...
    Ce qui est marrant c'est que j'ai été inspectée il y a 3 ans par une inspectrice remarquable, qui m'a dit qu'elle quittait son métier plus tôt que prévu... on a pas mal parlé de mon parcours, de Montessori, elle m'a dit que si elle avait mon âge, elle n'hésiterait pas un seul instant à ouvrir une école différente... Son discours et sa bienveillance à mon égard me portent encore aujourd'hui.
    Et puis, il y a un truc que je n'aimerai vraiment pas, vu que le temps défile super vite, c'est de me "réveiller" à 50 ans, et de voir que je n'ai pas réussi à avoir le courage de passer outre les difficultés pour le faire...
    L'éducation nationale et l'éducation que reçoivent mes enfants à l'école vont sûrement me pousser à le faire plus vite que prévu...
    Il ne me reste plus qu'à trouver un financement, du temps... le courage, je pense l'avoir...
    bzs!

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  6. J'ai 50 ans mais j'espère pouvoir encore réaliser des choses !
    Je suis d'accord avec vous sur le "parenting".j'ai quatre filles, l'aînée et la troisième ont sollicité beaucoup de présence...Tatiana est restée longtemps près de moi la nuit...Aujourd'hui ce sont des filles très autonomes, qui se prennent en charge depuis bien longtemps.
    Je pense qu'il ne faut pas hésiter à créer des petites écoles. Quand nous vivions en Italie, des mamans avec quelques enfants ouvraient de petites structures familiales style Steiner, elles fonctionnent toujours.
    L'enfant n'a plus de vie familiale structurante parce que les parents travaillent beaucoup et ces petites écoles offrent cette vie qui est indispensable à un bon équilibre.
    J'ai lu qu'à Paris, le propriétaire de la marque APC avait ouvert un jardin d'enfants près du Luxembourg...une belle initiative !

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  7. Oh oui, Evelyne, bien sûr... je parlais uniquement du point de vue de mon cheminement personnel...
    J'ai vu en effet des docs sur cette structure crée par Jean Touitou, l'atelier de la petite enfance.
    http://www.ecoleape.com/

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  8. Aline, je serai là si tu crées une école!!! Si je pouvais y mettre ma petite contribution... Moi j'aurai encore 3 ans à donner à l'Education Nationale... et je ne sais pas si j'aurai le courage de faire le pas. En ce qui me concerne, en ce moment j'essaie de voir comment je vais pouvoir appliquer tout ça dans ma petite classe. Si on pouvait, étant toutes les deux dans le même département, faire changer un peu les choses à notre échelle, juste au sein de notre inspection... Je veux y croire mais ton aide me sera aussi très précieuse:alors très égoïstement je te dis:"ne pars pas trop vite de l'Education Nationale."

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